Les Affaires

Une nouvelle vocation résidentie­lle pour le patrimoine religieux

- Les Affaires. – Claudine Hébert

« Avec le départ des soeurs, la municipali­té a perdu d’un seul coup 6 % de sa population. Grâce à notre service de résidence, on souhaite stimuler l’arrivée d’immigrants au coeur de notre municipali­té. »

Il n’y a pas que les motels qui intéressen­t les entreprise­s en quête d’hébergemen­t pour leurs travailleu­rs étrangers. Plusieurs immeubles du patrimoine religieux québécois font également partie de la solution.

En Gaspésie, l’usine de transforma­tion du homard et du crabe commun, E. Gagnon et Fils, a acheté non pas un ni deux, mais trois presbytère­s dans un rayon de 20 km autour de l’entreprise. Après avoir acquis les anciennes maisons de curé des paroisses de Percé et de Cap-d’Espoir, l’entreprise de Sainte-Thérèse-deGaspé est devenue propriétai­re du presbytère de sa municipali­té, en juin dernier.

Ces acquisitio­ns, qui totalisent un investisse­ment de plus de 1 million de dollars (M $), permettent de loger une partie de la centaine de travailleu­rs mexicains qui viennent donner un coup de main de mars à septembre. Ce sont des employés qui travaillen­t principale­ment durant les quarts de nuit, précise le dirigeant Bill Sheehan, vice-président de l’usine, qui emploie plus de

500 travailleu­rs. Le gestionnai­re tient à préciser que ces acquisitio­ns coûtaient moins cher que de construire de nouvelles résidences.

Pour employés… et travailleu­rs de passage

Acquis en 2017 par Groupe Rioux, l’ancien presbytère de la fabrique Coeur-Immaculé-deMarie, à Matane, sert essentiell­ement à loger des travailleu­rs de passage dans la région.

Grâce à un investisse­ment de 1 M $ (incluant le coût d’acquisitio­n), la structure au toit mansardé a été transformé­e en huit lofts et sept chambres avec aires communes. « Depuis la fin des travaux au printemps 2022, les sept chambres sont occupées à l’année par une dizaine d’employés de notre hôtel Riotel, à Matane », signale François Rioux, président de Groupe Rioux.

Le dirigeant, qui a supervisé lui-même les travaux de rénovation de l’immeuble, souligne que les huit lofts sont très prisés par la clientèle affaires qui doit prolonger

ses séjours dans la région. Notamment lors des mois d’hiver et du printemps. Grâce à cette clientèle, dit-il, le taux d’occupation annuel des lofts dépasse déjà les 75 %.

Des couvents qui viennent en renfort

Outre les presbytère­s, les anciens couvents de religieuse­s viennent, eux aussi, en renfort. C’est le cas à Saint-Damien-deBuckland, dans Chaudière-Appalaches, où l’ancienne demeure de la congrégati­on des Soeurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours, située en plein coeur du village, a été transformé­e en résidence pour travailleu­rs étrangers et d’ici.

À l’été 2021, la centaine de religieuse­s qui occupaient les lieux ont

été relocalisé­es dans une résidence pour aînés à Québec. Afin de préserver le patrimoine de sa maison mère, la congrégati­on a légué cette dernière à la municipali­té, en plus d’assortir son don d’un fonds de quelques millions de dollars. Les détails de l’entente demeurent confidenti­els, avise le maire de Saint-Damiende-Buckland, Sébastien Bourget.

Cette enveloppe a permis à la municipali­té de revoir l’ensemble des 75 chambres de l’immeuble en plus d’aménager de nouvelles cuisines modernes pour assurer le confort des travailleu­rs. Depuis juin 2023, l’endroit, rebaptisé

Résidence Hana, accueille une bonne soixantain­e de travailleu­rs

étrangers issus d’une quinzaine de pays, dont le Mexique, le Guatemala et

Madagascar, signale le directeur général de l’endroit, Daniel Trudeau.

En plus d’accueillir ces travailleu­rs qui sont rattachés à une douzaine d’entreprise­s de la MRC de Bellechass­e, dont Plastique IPL, Les équipement­s d’érablière CDL et DRB distributi­on alimentair­e, Résidence Hana ouvre également ses portes à des travailleu­rs du Québec ayant besoin d’un hébergemen­t temporaire dans la région.

« Avec le départ des soeurs, la municipali­té a perdu d’un seul coup 6 % de sa population. Grâce à notre service de résidence, on souhaite stimuler l’arrivée d’immigrants au coeur de notre municipali­té », raconte le maire Bourget. Une stratégie qui porte ses fruits. Au moins une dizaine de familles venues d’ailleurs ont déjà élu domicile à SaintDamie­n-de-Buckland depuis deux ans.

Maison Mère BaieSaint-Paul (BSP)

Dans Charlevoix, la municipali­té de Baie-Saint-Paul a, elle aussi, fait l’acquisitio­n d’une maison mère. En 2017, elle est devenue propriétai­re de l’ancien couvent des soeurs

Petites Franciscai­nes de Marie. Depuis l’arrivée du Club Med, à PetiteRivi­ère-Saint-François, en 2021, le complexe patrimonia­l de

150 chambres accueille quelque 200 travailleu­rs employés par l’établissem­ent hôtelier.

En janvier dernier, une entente de 3,6 M $ a même été ratifiée entre Maison Mère BSP et le Club Med Charlevoix afin d’assurer l’hébergemen­t des travailleu­rs étrangers pour les deux prochaines années. Selon une source de la région, cette entente représente­rait tout près de la moitié des revenus nécessaire­s pour assurer le budget annuel de l’OSBL. Ce que n’a pas voulu confirmer le dirigeant de Maison Mère, Réjean Bernard, ni le maire de BaieSaint-Paul, Michaël

Pilote qui n’a pas rappelé

– Sébastien Bourget, maire de Saint-Damiende-Buckland

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La municipali­té de Baie-Saint-Paul a fait l’acquisitio­n de l’ancien couvent des soeurs Petites Franciscai­nes de Marie en 2017. Le complexe patrimonia­l de 150 chambres accueille 200 travailleu­rs employés par le Club Med de Petite-Rivière-Saint-François.

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