Pourquoi moi j’engraisse et pas elle?
Voir une amie engloutir tout ce qu'elle aime, et ce, sans qu'elle ne prenne une livre, alors que l'on peine à obéir à notre volonté, ça peut être un brin frustrant. Plusieurs raisons peuvent expliquer que certaines personnes puissent se permettre des écarts sans conséquence, tandis que d'autres en paient systématiquement le prix sur la balance. Charlotte Geroudet nous aide à comprendre ce phénomène! Qu’est-ce qui fait que deux individus aient une alimentation équivalente et que l’un prenne du poids, tandis que l’autre n’en prend pas? Bien souvent, c’est une question de génétique et de morphologie.
La génétique. Si l’un des parents est obèse, la prédisposition à prendre du poids est plus grande. Ainsi, les individus ayant des parents à la silhouette fine ont de plus fortes chances d’avoir une morphologie similaire.
La morphologie. Certaines personnes ont naturellement une silhouette ectomorphe: leur corps est plutôt étroit, leur ossature est mince et leur métabolisme est très rapide, de sorte qu’elles dépensent beaucoup d’énergie. Bien souvent, les personnes ayant ce type de morphologie n’arrivent pas à prendre du poids, même en mangeant beaucoup. Le sexe. Les femmes ont tendance à prendre plus facilement du poids que les hommes et à en perdre moins rapidement que ceux-ci. Cela s’explique en partie par le taux de graisse plus élevé chez la femme, par sa masse musculaire plus faible et par son métabolisme plus lent.
D’autres facteurs influençant le poids
L’âge. En vieillissant, la masse musculaire diminue au profit de la masse grasse, et le métabolisme ralentit. De plus, la ménopause s’associe à des variations hormonales pouvant causer une prise de poids.
L’état de santé physique. Certains troubles de santé, comme l’hypothyroïdie, peuvent occasionner un gain de poids. La prise de certains médicaments peut aussi influencer le tour de taille.
Les antécédents de santé mentale. Les femmes sujettes à la dépression ou à l’anxiété peuvent observer des répercussions sur leur poids. Dans certains cas, elles vont maigrir; dans d’autres, elles vont compenser par l’alimentation, car leur niveau de cortisol augmente, ce qui peut influencer les stimuli de faim et de satiété, et causer de la rétention d’eau.
Le poids yoyo. Une femme qui a suivi plusieurs régimes restrictifs et qui a souvent changé de poids depuis l’enfance aura un moins bon potentiel d’amaigrissement qu’une femme qui a toujours eu un poids stable et qui a pris du poids de manière soudaine, par exemple à la suite d’une grossesse.
Le niveau d’activité physique. La pratique régulière d’activité physique aide à garder un poids stable, à maintenir la masse musculaire, à améliorer le fonctionnement du métabolisme, à diminuer les hormones de stress (le cortisol, par exemple), à diminuer de 15 à 20% le niveau d’appétit à la suite d’une séance d’entraînement, à brûler de l’énergie (ça compense les écarts!)… Bref, la pratique de l’activité physique offre de nombreux bénéfices à l’égard du poids!
L'histoire du poids : une empreinte personnelle
Une autre raison qui explique que l'on gagne du poids facilement ou non, c'est l'histoire du poids, qui varie d'une personne à l'autre, comme une empreinte personnelle. Le cerveau imprime l'historique de notre poids et développe un poids de référence en se basant sur ce qu'il connaît. Si votre poids a toujours été stable, mais que vous prenez 20 lb du jour au lendemain et que vous maintenez ce nouveau poids pendant des années, le cerveau finira par l'enregistrer comme votre poids de référence, et il agira en fonction de ce nouveau poids. Le poids de référence influence grandement la prise de poids. Par exemple, si votre poids moyen est de 140 lb, il est peu probable que votre poids change après que vous ayez consommé une poutine. Si toutefois votre poids atteint 140 lb de peine et de misère, qu'il n'a jamais été stable et qu'il a oscillé à la suite de régimes restrictifs, il se peut que vous preniez 1 ou 2 lb après avoir mangé une poutine.
Premièrement, le fait de manger une poutine à la suite de phases de restriction provoque parfois des excès favorables au gain de poids. On se dit que «tant qu'à en manger, on va se gâter au maximum», et on tend à manger plus qu'à notre faim. Mais ce n'est pas tout: lorsque l'on perd du poids en mode «régime yoyo», on perd le gras, mais le cerveau, lui, continue d'agir en fonction du poids que l'on a atteint avant la perte de poids. Ayant enregistré ce poids de référence, il peine à revenir à un poids inférieur et à le maintenir.
L'importance de la période de maintien
Entre 80 et 85% des gens reprennent tout le poids perdu dans l'année qui suit une perte de poids, généralement parce qu'ils ne conservent pas leurs habitudes à long terme. Quand on perd du poids et que l'on atteint un poids naturel situé dans le barème de poids santé, on doit maintenir ce même poids de un à deux ans, voire trois ans, avant que le cerveau l'enregistre comme poids de référence. À partir du moment où le cerveau le perçoit ainsi, il tente de maintenir ce poids et, par conséquent, il y a peu de chances qu'un excès de temps à autre vienne saboter le processus de perte de poids. Il faut donc envisager le processus comme un changement de vie; on ne doit pas s'imposer une vitesse de perte de poids, mais plutôt viser une constance et un maintien dans le temps.