La maison du lac : chapitre 2
Lynda Reeves revient sur les étapes nécessaires afin d’isoler sa demeure estivale pour l’hiver
Beaucoup des demeures les plus charmantes et les plus poétiques ne sont pas conçues pour la saison froide. La première fois que j’ai visité notre maison du lac, je n’y ai même pas pensé, parce qu’on ne veut pas s’attarder aux détails pratiques quand on tombe amoureux.
Je suis revenue à la réalité quand j’ai demandé à voir le sous-sol. Il n’y en avait pas, juste un vide sanitaire. Et la buanderie ? On me désigna une partie de la véranda protégée par des moustiquaires, juste à côté de la cuisine, où étaient installés une laveuse, une sécheuse et un évier.
Le rangement n’est pas un souci quand on passe son temps en maillot de bain et en tenues d’été ; les bottes et les manteaux ne sont pas au programme. Les cheminées et les radiateurs suffiraient sans doute pour les fraîches soirées d’automne. Et lors des journées très chaudes, il n’y aurait qu’à ouvrir les fenêtres et laisser la brise du lac rafraîchir la maison, n’est-ce pas ? Et bien sûr, nous allions conserver les portes et les fenêtres en bois d’origine, car elles étaient parfaites !
Je suis pragmatique. J’ai fait le tour de la maison avec Gillian Atkins, qui dirige notre entreprise de design, et nous avons élaboré un budget approximatif de rénovation afin que je puisse faire une offre qui en tiendrait compte ainsi que de « tout le reste ». Gillian et moi avons beaucoup d’expérience dans la rénovation de maison, mais nous connaissions nos lacunes au chapitre « hivernage ». Puisque nous n’avions pas le temps de consulter des experts, j’ai tout simplement doublé la somme pour établir un budget préliminaire de travaux.
Peu après l’achat de la maison, la réalité a repris ses droits, et ma formation intensive a commencé. Maxime Vandal, de la firme Les Ensembliers, a offert de m’aider.
Il est architecte et il a déjà aménagé pour l’hiver des demeures de la même taille et du même âge que la mienne au Québec. Nous avons fait le tour de la maison, transis de froid, puis il a conçu un plan d’isolation adapté à notre climat.
Heureusement, la maison possédait un grenier pleine hauteur, une galerie technique derrière les murs à l’étage et un vide sanitaire sous toute sa surface. Des caractéristiques clés. Je crois que, lorsque la maison a été construite il y a 100 ans, l’architecte a pensé qu’un jour, quelqu’un voudrait ajouter des canalisations, des conduites et des matériaux isolants, alors il a aménagé l’espace nécessaire.
L’« hivernage » consiste à isoler la maison puis à réguler la température grâce au chauffage et à la climatisation. Facile à dire… J’avais deux exigences : conserver les superbes lambris des murs et des plafonds, ainsi que les fenêtres et les portes d’origine.
Ma première demande était faisable, mais pas la seconde. Il est impossible d’isoler une maison sans installer de nouvelles fenêtres à double vitrage et des portes extérieures dignes de ce nom. (Au fond de moi, je le savais, mais j’étais encore amoureuse…)
J’ai consulté des amis habitant non loin au sujet de la climatisation.
Après tout, cette maison avait servi de résidence estivale pendant 100 ans sans climatisation. « Installe-la », m’ont-ils répondu.
La planification détaillée de cette étape a nécessité
l’apport de Maxime, d’un ingénieur en bâtiment, d’un ingénieur en mécanique, d’un entrepreneur, d’un spécialiste en chauffage, ventilation et conditionnement de l’air (CVCA) et de notre fournisseur principal en isolation, Rockwool. L’automne passé, avant de fermer la maison pour l’hiver, nous nous sommes entassés dans la salle à manger pour étudier les plans : un grand feu brûlait dans la cheminée, les radiateurs électriques étaient au maximum, nous avions placé des couvertures sous chaque porte, nous portions des manteaux par-dessus plusieurs tricots, et des gants… et nous avions encore froid.
Ensemble, l’équipe a décidé d’isoler le toit et le vide sanitaire avec un matériau en mousse, puis de retirer le revêtement extérieur et de construire les murs par l’extérieur en utilisant des panneaux Comfortboard de Rockwool. Ceux-ci portent bien leur nom, car j’ai ressenti un grand réconfort à les voir installés sur tous les murs extérieurs de la maison. Pour moi, c’était synonyme de chaleur.
Voici, couche par couche, ce que nous avons mis sur ces murs pour atteindre le facteur R26.4 que nous visions : de l’isolant R14 de Rockwool ; des panneaux Comfortboard de Rockwool (6 cm d’épaisseur) ; du contreplaqué (2 cm d’épaisseur) ; une membrane autocollante barrière Delta-Vent SA (coupe-vapeur et perméable à l’air et à l’humidité) ; une armature de 2 cm en bois.
Puis nous avons posé le magnifique revêtement de planches de cèdre rouge de l’Ouest. Entre les murs et les planchers, nous avons utilisé l’isolant pare-feu et insonorisant Safe’n’Sound de Rockwool. Sous la maison, dans le vide sanitaire, sous le toit dans le grenier et sur les nouvelles fondations, nous avons utilisé un isolant en mousse giclée R31.
L’aventure suivante consistait à installer le système de chauffage à proprement parler, soit les ventiloconvecteurs, les appareils de traitement de l’air, les climatiseurs, les chauffe-eau… sans sous-sol, rappelez-vous. La solution fut de construire une pièce pour installer tous ces appareils sous l’ancienne « salle de lavage ». La nouvelle pièce souterraine serait surmontée d’une annexe bien isolée abritant le vestibule et la nouvelle buanderie.
C’était une solution ingénieuse. L’excavation et la construction des murs de fondation de la nouvelle annexe nous ont occupés tous les week-ends de mai jusqu’au début août. Notre entrepreneur général,
Ray Ambraska, et notre chef de chantier, Rik Ambraska, ont mené l’équipe de main de maître, composant avec une saison plus que difficile pour n’importe quel projet.
Puisque nous ne pouvions aller nulle part cet été, nous avons décidé de passer du temps là-bas pour voir l’avancement des travaux. Pour cela, nous avons décidé de rénover la petite dépendance, y compris la salle de bain. Une rénovation à bas prix et gaie, mais n’allions-nous pas suffoquer de chaleur avec ces quelques fenêtres minuscules ? Ce problème serait réglé grâce au plan CVCA établi par Carrier, la compagnie qui nous a conseillés sur l’équipement nécessaire, dont une thermopompe murale sans conduits pour la petite dépendance. J’ai travaillé dans cet endroit, allongée sur mon lit, alors qu’il faisait plus de 30 degrés à l’extérieur. J’ADORE mon climatiseur ultra-silencieux, mon minifrigo, ma nouvelle douche et ma machine Nespresso.
L’isolation est presque terminée. Heureusement, l’opération la plus difficile, soit l’application de la mousse isolante giclée dans le vide sanitaire, a été réalisée avant l’arrivée des grosses chaleurs.
À cette étape, le grand défi de l’équipe design était de penser à installer tout ce qui devait l’être dans les murs avant que la maison soit inspectée et les murs refermés. Autrement dit : emplacement des appliques, des robinets muraux, câblage électrique et tuyauterie pour le système de chauffage.
Candice Thompson, responsable des plans assistés par ordinateur, a été extrêmement patiente. Finalement, la version no 16 de notre plan électrique indique l’emplacement parfait pour chacune des appliques. Je me demande d’ailleurs si je n’ai pas exagéré pour le nombre d’appliques… Je vous en reparlerai.
Au moment où j’écris ces lignes, soit début septembre, notre responsable CVCA, Nathan Crichton, vient de me faire visiter le local technique. Quelle beauté ! Notre système utilise l’eau chaude pour alimenter quatre ventilo-convecteurs Infinity de Carrier, munis de ventilateurs à vitesse variable, disposés dans quatre zones de la maison, dont le grenier. La climatisation est fournie par des appareils Carrier à vitesse variable. Une thermopompe murale Infinity Mini-Split chauffe et climatise la petite dépendance.
Pour mieux comprendre le tout, regardez la vidéo dans notre série The Lakehouse.
Les portes et les fenêtres sont presque toutes installées, et notre fabuleux revêtement extérieur en planches de cèdre rouge de l’Ouest prend forme. Toute l’isolation est faite ; bientôt, les chauffe-eau s’allumeront et une douce chaleur émanera des tout nouveaux conduits d’aération.
Les gens me demandent sans cesse quand nous aurons terminé.
« À temps pour la dinde » a été ma première réponse. Tout d’abord, j’ai cru qu’on y arriverait pour l’Action de grâce canadienne, ou peut-être pour le Thanksgiving américain… et maintenant, nous espérons qu’une dinde de Noël pourra être le premier mets que nous préparerons dans notre nouvelle cuisinière. C’est ce que je souhaite, si le père Noël peut m’exaucer ! Qui aurait cru que l’« hivernage » d’une maison pouvait être aussi fascinant ?
Le mois prochain : fenêtres, sols et, bientôt… une cuisine !