Québec fait volte-face
Politique. Le gouvernement Couillard renonce à mener à terme sa consultation sur le racisme systémique et privilégiera un exercice de réflexion sur l’immigration comme réponse à la pénurie de main-d’oeuvre anticipée.
L’annonce a été faite hier par le nouveau ministre de l’Immigration, David Heurtel, qui s’est dit convaincu que le temps était venu de «recadrer» cette initiative lancée par sa prédécesseure, Kathleen Weil.
Québec avait demandé à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse de tenir cette consultation sur la discrimination systémique et le racisme, une initiative qui fait l’objet de critiques et de controverses depuis sa création. Notamment, les partis d’opposition accusaient le gouvernement de vouloir faire le procès des Québécois de souche et de tenter de les culpabiliser.
L’enjeu principal de l’exercice, a fait valoir M. Heurtel, n’est plus le racisme systémique et la discrimination, mais plutôt l’emploi chez les immigrants et leur contribution souhaitée en vue de combler la pénurie de maind’oeuvre à venir. Trois autres enjeux pourront aussi être abordés : la formation, la francisation et la lutte contre la discrimination.
En compagnie du ministre de l’Emploi, François Blais, le ministre Heurtel fera donc une tournée des régions dans les prochaines semaines pour aborder ces questions et avoir une «conversation» avec les groupes intéressés.
Le gouvernement avait commencé à remettre en question la consultation sur le racisme quand le vent de contestation avait soufflé jusque dans les rangs du caucus libéral. Deux députés avaient publiquement attribué la défaite cuisante du PLQ dans Louis-Hébert, le 2 octobre, au mécontentement suscité dans la population par cette consultation.
En renonçant à s’attaquer au racisme systémique, le gouvernement fait preuve de «lâcheté pure et simple», selon le député solidaire de Mercier, Amir Khadir.
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a réagi en prenant «acte» de la décision du gouvernement de procéder à «un changement majeur d’orientation». Elle veut analyser l’annonce plus en détail avant de commenter davantage.
L’opposition péquiste et l’opposition caquiste, qui réclamaient toutes deux l’abolition de la consultation, se sont réjouies de la tournure des événements.