Des trouées dans le flanc est du mont Royal
Environnement. Le flanc est du mont Royal, qui héberge le tiers des 3 900 frênes devant être abattus en 2018, sera le plus touché par les coupes rendues nécessaires à cause des ravages de l’agrile, un insecte exotique.
Les dizaines de milliers de visiteurs qui parcourent le chemin Olmsted, ou qui visitent le belvédère Camillien Houde, devront s’habituer au bruit des tronçonneuses, si on se fie à l’appel d’offres publié récemment. Les cartes fournies aux entrepreneurs intéressés permettent de voir que le secteur longeant le mythique sentier entre le monument de GeorgesÉtienne-Cartier et le lac aux Castors sera un des plus déboisés, avec 1 366 coupes. Le secteur entourant la croix suit, avec 895 coupes. Quant au flanc sud, qui donne sur le centre-ville, la Ville y prévoit 838 abattages.
«Dans certains endroits où les frênes sont majoritaires, ça va être terrible pour les promeneurs», a prédit Sylvain Ouellet, élu de Projet Montréal, qui alerte les autorités municipales depuis la découverte des premiers spécimens de cet insecte ravageur il y a environ cinq ans.
«Pour les arbres de rues, on a évité le pire, mais pour les parcs nature, l’administration Coderre a été insouciante, a ajouté M. Ouellet. En effet, avec l’agrile, la croissance de l’infestation est exponentielle, alors plus on attend, plus ça va coûter cher.»
L’élu de Projet Montréal a mentionné que l’inventaire des frênes du mont Royal n’a été terminé que cet été et que rien n’a encore été annoncé pour la dizaine d’autres parcs nature de l’île.
Au moment de publier, il n’avait pas été possible de parler à Réal Ménard, l’élu sortant responsable de l’environnement à la Ville. Dans un communiqué de presse publié à la fin de l’été, M. Ménard avait souligné que 40 000 arbres seraient plantés sur le mont Royal au cours des 3 prochaines années, soit un ratio de 10 arbres plantés pour un abattu.
«Le reboisement permettra notamment de refermer les trouées causées par l’abattage des frênes et d’éviter l’envahissement de l’espace par des espèces opportunistes», avait-il précisé.
Aurait-on pu traiter au biopesticide les frênes se trouvant le long du chemin Olmsted afin de ne pas trop chambouler le paysage? La porte-parole de la Ville de Montréal, Anik de Repentigny, a précisé que 6 400 frênes situés en milieu boisé ont été traités en août, mais que «pour que la lutte contre l’agrile soit efficace, il faut aussi abattre les frênes dont l’état ne permet pas le traitement».
Du côté des Amis de la montagne, la porte-parole, Éveline Trudel-Fugère, a mentionné que l’organisme soutient le plan de la Ville, qui permet notamment d’éviter les abattages massifs tout en prévoyant de nouvelles plantations. Elle convient toutefois que la présence de l’insecte «aura un impact important sur le paysage de la montagne».
Les abattages d’arbres sur le mont Royal auront lieu en deux phases durant l’année 2018, avec une pause d’avril à septembre, à la période de nidification. Ces opérations ne seront pas aisées, les travaux devant débuter en janvier dans des secteurs parfois très pentus, où la distance entre la souche et le camion varie de 150 à 500 m.
La Ville a en outre demandé à l’entrepreneur qui remportera le contrat de ne pas abîmer les sentiers, ainsi que de s’assurer qu’aucun promeneur ne s’aventurera dans les zones d’abattage, et que la terre ne sera pas trop retournée pour éviter de réactiver de vieilles semences de nerprun, un arbuste exotique envahissant.