La course de tous contre tous
À quoi sont dus la plupart des décès de cyclistes et de piétons? À la même cause principale, en fait, que ceux d’automobilistes. Au «race-ism» de notre temps. C’est-à-dire, à la course de tous contre tous, après tout et pour tout. Ère de «productivisme» effréné, toutes catégories. Faute de se rappeler que la condition humaine, pour être vivable pour la multitude, en appelle non au maximum, mais à l’optimum.
Des routes ou des rues mal conçues, mal dessinées? Manque de sentiers pédestres ou de voies cyclistes réservées? Non. Le problème n’en est pas un, d’abord, d’(infra) structures. De nature plutôt, d’une part, et plus encore de culture. Nature, car la «température», oui, est à l’évidence un trouble-fête majeur. Mais la culture du moi, du à-moi-la-priorité, du c’est-moi-le-plus-pressé ou le-plus-important, est ce qui entrave le plus la possibilité d’un partage équitable et convivial des aires de déplacement.
La voie de sortie de ce cercle de morts à répétition, c’est la prise de conscience – (assortie de comportements conséquents) – que, de même que les droits en soi ne priment pas l’un sur l’autre, les personnes ou leurs différents modes de déplacement ne priment l’un sur l’autre. Et qu’ainsi, ce n’est pas au plus fort ou au plus malin de gagner une bataille de la route ou de la rue. C’est à tous et à toutes, en même temps, qu’incombe de manoeuvrer de manière que chacun, chacune, et tous les modes de déplacement se voient non seulement dûment respectés, mais également considérés, sinon honorés, plutôt qu’ignorés, méprisés ou bafoués.
En somme, tant qu’une pression hyper contraignante de respect d’horaires pour chauffeurs d’autobus, par exemple, ou que des courses de camions à neige séviront au point de compter plus que le souci du respect de la vie, de l’intégrité, de la sécurité ou de la qualité de vie d’aînés, d’enfants, de handicapés et d’autres vulnérables, il continuera d’y avoir des personnes broyées sous des roues ou par du métal.