Métro Montréal

S’INFORMER SUR LE DIABÈTE

- MAÏTÉE LABRECQUE-SAGANASH Militante crie

À sa dernière grossesse, ma soeur a souffert de diabète gestationn­el, aussi connu sous le nom de diabète de grossesse. À un certain point, elle devait se piquer à l’insuline plusieurs fois par jour, pour maintenir son taux de sucre. On lui a dit que ça arrivait souvent chez les Autochtone­s, sans vraiment lui donner plus d’explicatio­ns.

Jusqu’à tout récemment, je pensais que je n’étais aucunement à risque d’être atteinte de diabète si je n’étais pas en surpoids, car c’est toujours comme ça qu’on me l’avait présenté. Jusqu’à ce que je travaille avec des gens du domaine de la santé. Là, on m’a expliqué que j’avais des prédisposi­tions génétiques vu que je suis autochtone, et que mes chances de souffrir de diabète étaient encore plus élevées si des gens de ma famille en étaient atteints. J’ai un peu paniqué et je suis allée vérifier mon taux de sucre. Un petit 4.9, ce qui est apparemmen­t très bien. Mon infirmière m’a rassurée en me disant que plusieurs de mes habitudes de vie aidaient à prévenir le diabète de type 2, qu’on voit énormément sur le territoire d’Eeyou Istchee. Selon ses dires, bien manger est important. Faire de l’exercice aide mon pancréas à produire de l’insuline, donc à réguler le taux de sucre dans mon sang. Je fais du powerlifti­ng quatre fois par semaine, donc de ce côté-là, tout est beau. Elle m’a aussi dit qu’avoir arrêté de fumer était une excellente initiative. Une autre collègue m’a rassurée en m’expliquant que ce n’est pas parce que ma soeur a souffert de diabète de grossesse que j’étais nécessaire­ment à risque d’être atteinte de diabète de type 2. Les femmes autochtone­s, noires et asiatiques ont des prédisposi­tions. Elle m’a toutefois indiqué que le diabète gestationn­el pouvait être un indicateur d’un risque accru d’en souffrir plus tard dans sa vie.

Selon le dernier rapport du Cree Health Board sur le diabète en Eeyou Istchee, 26,7 % des adultes de plus de 20 ans vivent avec le diabète. Selon le même rapport, les femmes sont plus souvent touchées que les hommes. Pourquoi le nombre de personnes vivant avec le diabète est-il aussi élevé chez les Cris? On me dit que le changement de mode de vie a beaucoup joué sur nos habitudes alimentair­es. La sédentaris­ation et l’accès plus facile à de la nourriture comportent leur lot d’inconvénie­nts. Il faut aussi comprendre que certaines communauté­s sont des déserts alimentair­es, et que les aliments sains sont plus chers.

«Le diabète est en train de tuer notre nation», s’exclamait il y a deux semaines Chef Thomas Jolly à la conférence sur la santé du Cree Nation Youth Council. Les communauté­s et les entités cries déploient des efforts monumentau­x pour nous sensibilis­er au besoin d’avoir des bonnes habitudes de vie. La communauté de Nemaska se lance même dans un projet de serre pour avoir plus facilement accès à des aliments sains. Le Cree Health Board a aussi publié le livre Sweet Bloods of Eeyou Istchee pour rendre les statistiqu­es plus humaines et partager les récits de ceux qui vivent avec le diabète. Ça, c’est sans parler du travail que les nutritionn­istes font sur le territoire.

Certaines communauté­s sont des déserts alimentair­es, et les aliments sains sont plus chers.

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