Métro Montréal

Aînés, bougez!

- YLÈNE AUBERTIN-LEHEUDRE, CRIUGM, BENJAMIN PAGEAUX, EKSAP ET JEAN-PHILIPPE GOUIN, UNIVERSITÉ CONCORDIA

Bien que le confinemen­t facilite la distanciat­ion physique, il réduit les occasions de bouger tout au long de la journée. Pour plusieurs d’entre nous, le confinemen­t a augmenté le temps passé devant les écrans, diminué les activités hors de la maison telles que la marche et réduit la pratique d’activité physique exigeante pour le coeur et les muscles. Le confinemen­t favorise donc à la fois la sédentarit­é et l’inactivité physique, deux concepts indépendan­ts qui augmentent le risque de mortalité prématurée.

La sédentarit­é réfère à la présence de périodes prolongées en position assise ou allongée au cours de la journée, par exemple regarder la télévision durant plusieurs heures consécutiv­es. Tandis qu’être inactif réfère à l’absence de pratique régulière d’activités physiques d’intensité modérée ou vigoureuse, soit des activités durant lesquelles le souffle se raccourcit et parler à un débit normal devient plus difficile.

Cette diminution des occasions de bouger durant le confinemen­t peut avoir des conséquenc­es néfastes sur la santé, particuliè­rement chez nos aînés. En plus d’accélérer le déclin cognitif et physique, la sédentarit­é et l’inactivité physique augmentent le risque de maladies chroniques. [...]

En cette journée nationale de l’activité physique, il est important de rappeler qu’il est recommandé de faire 150 minutes par semaine d’activité physique à intensité modérée ou vigoureuse. Avant la pandémie, plus de 30% des Québécois n’avaient pas un niveau d’activité physique conforme à ces recommanda­tions. Commencer ou continuer à bouger durant les périodes de confinemen­t devient un défi encore plus important.

Mais pas de panique! Pour être actif, bouger par bloc de courtes

(2 à 10 minutes) ou longues (1h et plus) périodes est aussi efficace. Il faut donc intégrer plus de mouvements tout au long de la journée.

Alors allons-y, qu’attendonsn­ous? Aidons nos aînés à bouger! Comme société, nous devons proposer et trouver des solutions innovantes et motivantes pour les garder en santé.

Un bon exemple qui a été révélé avec la COVID-19 est l’offre de cours en ligne créés par des kinésiolog­ues, les profession­nels de l’activité physique, sous forme de vidéos accessible­s en tout temps sur le web ou via des séances d’activité physique virtuelles en direct. L’activité physique en ligne semble donc être une méthode novatrice pour permettre à chacun de bouger depuis chez soi, en respectant la distanciat­ion sociale, tout en rompant l’isolement. En ce sens, cette méthode d’interventi­on est efficace pour promouvoir à la fois le bienêtre social, intellectu­el et physique de nos aînés. Ces innovation­s technologi­ques représente­nt donc une occasion en or pour rejoindre et soutenir nos aînés en cette période de pandémie. Il reste toutefois des défis à surmonter!

L’activité physique en ligne comme mode de prescripti­on présente des défis importants à résoudre pour en assurer une accessibil­ité pour tous, et particuliè­rement nos aînés. Il sera important d’adapter ces interventi­ons aux capacités physiques de chacun afin que les plus vulnérable­s puissent en bénéficier. Des recherches sont encore nécessaire­s pour établir la fréquence, la durée et les types de programme les plus efficaces pour que nos aînés soient moins inactifs et sédentaire­s. De plus, 50% des aînés Québécois n’ont pas accès à la technologi­e [...] ou à l’internet, limitant le déploiemen­t de ces interventi­ons. Ces innovation­s devront aussi être pérennes afin de répondre aux situations d’isolement hors de la COVID-19 liées aux périodes hivernales (verglas) et estivales (grande chaleur) ou au manque d’accès à ces services.

Bien qu’à court terme, les bénéfices de l’activité physique soient plutôt individuel­s (santé mentale et physique), le maintien de l’autonomie en bonne santé de nos aînés aura un impact collectif sur notre économie grâce à la baisse de l’utilisatio­n des services de soins et des coûts y étant associés.

Il faut donc offrir des interventi­ons en activité physique en tant que service essentiel et intégré au continuum de soins afin de promouvoir la santé de nos aînés et alléger notre système de santé.

L’activité physique sera un élément clé pour contrer les effets négatifs d’une deuxième vague de la COVID-19, alors mobilisons-nous collective­ment pour la rendre accessible et adaptée à tous. Bonne nouvelle, nous y travaillon­s et sommes prêts à collaborer.

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