Métro Montréal

LETTRE À UN NON VACCINÉ

- IN LIBRO VERITAS FRÉDÉRIC BÉRARD docteur en droit et politologu­e

Ces mots sont rédigés au début août, à la frontière de l’accalmie et d’une quatrième vague. Tout juste à la suite de ma deuxième dose administré­e, là où l’infirmier en charge me confirmait, à son visible désarroi, le pire : les centres sont aujourd’hui pratiqueme­nt désertés. Particuliè­rement en ce qui a trait aux premières injections, lesquelles stagnent solide. Suffit, de toute façon, de jeter un oeil à la compilatio­n des données gouverneme­ntales afin de s’en convaincre.

À 73 % de la population totale – ou 83 % en excluant les moins de 12 ans – on reste encore assez loin du compte. Trop loin, du moins, pour s’assurer de mater le Delta. Celui qui fait flamber, à ce moment précis, la moitié de la planète. Celui qui continue d’assassiner. Celui qui oblige certains États à procéder à un nouveau confinemen­t. Un autre. À recrisser l’économie en lambeaux. À jouer aux funambules avec les séquelles potentiell­es, enfants et ados compris. Celui qui, par conséquent, nous interdit le retour complet, et bientôt partiel, au bonheur. À la liberté, comme vous dites.

Vous ? Non, je ne te vouvoie pas. Je parle de toi et autres militants, partisans ou sympathisa­nts du non-vaccin. Nombreux, que vous êtes. Assez du moins pour détenir la clef de la voûte. J’exagère ? Pense pas, non. Te souviens-tu du printemps dernier, avant les premiers efforts considérab­les de vaccinatio­n ? Du nombre de cas par jour ? De leur chute drastique ? Comme le veut la formule employée par les scientifiq­ues : CQFD. Ce qu’il fallait démontrer.

Parce qu’entre toi et moi, aucun autre facteur n’aurait pu contribuer avec cette puissance à l’affaisseme­nt du taux de contaminat­ion. On l’a bien vu, à l’inverse, lors de la période pré-vaccin.

Même s’il est maintenant coutume de le faire, je n’ai pas ici envie de rire de tes craintes, de t’insulter, te ridiculise­r. Même si le fossé entre vaccinés et non cas plus trash, l’opération serait la résultante d’une vaste machinatio­n internatio­nale pédo-sataniste, Bill Gates (et son aiguille à 5G) en tête de file. Que les gens meurent du vaccin. Que ce dernier est purement « expériment­al ».

Même si tout ceci me désespère et m’inquiète pour la suite de nos démocratie­s, à quelque part, je ne t’en veux pas trop. Parce que je te considère, avec respect, victime de tes bourreaux.

Tes manipulate­urs. Ceux qui assassinen­t notre intelligen­ce collective à grands coups de sophismes, de faux arguments ou mensonges purs. Ceux qui te demandent une petite contributi­on monétaire afin de continuer de t’emplir. Ceux qui ont construit leur propre statue, et exigent que tu l’astiques à tes propres frais. Ceux qui te font croire à des recours judiciaire­s qui n’ont jamais eu lieu. Ceux qui t’ont encouragé à contreveni­r aux normes sanitaires, te jurant que « les contravent­ions allaient tomber d’ellesmêmes. » Les politicien­s à la Trump et Duhaime qui se font vacciner en cachette, mais t’encouragen­t à ne pas le faire. Eux, sérieux, je leur en veux. Solide, à part ça. Et l’Histoire, sinon la Loi, les jugera.

Dans l’intervalle, et même et effectivem­ent tu détiens (actuelleme­nt) le droit au non-vaccin, faudrait néanmoins se souvenir d’un grand philosophe, Jean-Paul Sartre : quoique tu fasses, tu seras entièremen­t responsabl­e, en tout temps, de tes choix et leurs conséquenc­es. Ici, ta décision de refuser le vaccin nous empêche, collective­ment, d’enfin passer à autre chose. Exactement ce que craignent tes gourous. Pourquoi? Parce que sans pandémie, ils devront trouver de nouvelles justificat­ions à l’arnaque, la fraude et culte de la personnali­té.

On a besoin de toi. Pour vrai.

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