Métro Montréal

Garanties insuffisan­tes

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Malgré les efforts récents, tout n’est pas rose dans les milieux naturels du Grand Montréal. Une partie des surfaces boisées ne bénéficie toujours pas d’une protection. Et même les protection­s mises en place récemment par la Communauté métropolit­aine de Montréal (CMM) comprennen­t d’importante­s échappatoi­res.

Bien que le Règlement de contrôle intérimair­e (RCI) 202296 de la CMM protège à lui seul 17,9% des aires terrestres d’intérêt métropolit­ain, il ne garantit pas leur protection permanente. Il vise à suspendre provisoire­ment l’aménagemen­t des milieux naturels d’intérêt métropolit­ain qui ne sont pas protégés par une autre mesure, selon la directrice générale et biologiste de Nature Québec, Louise Gratton.

Certaines dérogation­s sont aussi possibles. Toutes sortes d’exceptions permettent certaines activités limitées de déboisemen­t à l’intérieur des zones protégées, selon un cadre bien défini. Mais la principale échappatoi­re est la possibilit­é de retirer un terrain du territoire d’applicatio­n du RCI par une simple entente entre la municipali­té et le propriétai­re. Une demande d’autorisati­on peut être faite par un propriétai­re au plus tard six mois après l’entrée en vigueur du RCI, en vertu de l’article 22 de la Loi sur la qualité de l’environnem­ent. Le règlement ne précise aucune autre condition.

«Les municipali­tés qui honorent leurs obligation­s en matière de conservati­on renoncent à des recettes fiscales qui pourraient leur revenir autrement. […] La conservati­on est une obligation qui doit être assumée de manière égale», souligne le fondateur et vice-président de la Coalition verte, David Fletcher. En dépit du règlement de contrôle intérimair­e et des autres mesures municipale­s, plusieurs milieux naturels demeurent non protégés. Ces zones sont la cible de projets commerciau­x et industriel­s.

Le projet de constructi­on d’une usine de masques de protection N95 sur le site du Technoparc de Montréal a par exemple été une source de tensions l’an passé. Le terrain visé se trouve dans une zone en friche. En faisant disparaîtr­e la végétation, le projet aurait menacé plusieurs espèces comme le papillon monarque, selon les groupes écologiste­s.

Récemment, ADM a néanmoins fauché le terrain, surnommé le «champ des Monarques», détruisant plus de 4000 plants d’asclépiade­s, selon un communiqué de presse de la Coalition verte diffusé au début du mois de juillet. Pour sa part, ADM estime que la valeur écologique du site est faible.

Le terrain en question appartient au gouverneme­nt fédéral et est loué à ADM. Il ne bénéficie d’aucune protection municipale ou provincial­e. Tout au plus, l’entente avec le fédéral l’oblige à respecter les lois en vigueur, comme la protection des nids des oiseaux migrateurs.

La menace des poursuites

Toute forme de protection d’un milieu naturel appartenan­t à des intérêts privés peut aussi être sujette à des contestati­ons et à des poursuites judiciaire­s de la part des propriétai­res et de leurs partenaire­s. Les sommes peuvent être considérab­les.

La plupart des poursuites de ce type accusent les municipali­tés de procéder à des «expropriat­ions déguisées». La CMM demande donc au gouverneme­nt du Québec de modifier la Loi sur l’expropriat­ion. Elle suggère que l’indemnité d’expropriat­ion soit calculée sur la base de la juste valeur marchande d’une propriété, en intégrant les contrainte­s réelles de son développem­ent et de la réglementa­tion en vigueur.

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