Legault à Montréal avec l’oeil sur des gains possibles
Francois Legault était de passage à Montréal au cours des deux derniers jours, alors que les sondages laissent toujours miroiter la possibilité de gains électoraux historiques dans la métropole. Mais, alors qu’il devait rencontrer la mairesse hier, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a-t-il toujours le vent dans les voiles à Montréal ? « Il faut que les gens de Montréal arrêtent de regarder de haut les gens de Québec puis de Lévis », lâchait François Legault en conférence de presse la semaine dernière, défendant bec et ongles son troisième lien entre la capitale nationale et sa voisine.
Il arrive aussi à Montréal quelques jours seulement après avoir associé l’immigration à la violence. Il en a rajouté cette fin de semaine en disant que l’immigration non francophone est une menace à la cohésion sociale.
Pourtant, mardi, le premier ministre sortant devait tenter de convaincre les Montréalais de choisir la CAQ le 3 octobre prochain. Après son passage dans la circonscription de Maurice-Richard lundi soir, M. Legault était de passage dans Verdun.
« On veut augmenter la représentation de la grande métropole au sein du caucus et éventuellement au Conseil des ministres, bien qu’il faut commencer par être élu», confiait la vice-première ministre Geneviève Guilbault, de
passage dans la circonscription de Maurice-Richard, lundi.
« La CAQ a monté à 24 % des voix dans la région Montréal», observe le politologue André Lamoureux.
Mais qu’est-ce qui fait son succès dans la métropole? Une partie de la réponse se trouve dans les enjeux d’identité qu’elle aborde. «La question de la langue française, la bataille sur la loi 96, la bataille pour la laïcité, les Québécois y tiennent. QS [Québec solidaire] et les libéraux disent que c’est du racisme et de l’islamophobie, mais [la laïcité] est un enjeu à Montréal », pointe l’expert.
«On veut évidemment faire des gains dans la région de Montréal. On a été un gouvernement proche des gens, proche de leurs préoccupations. En 2018, nous avons fait élire deux députés sur l’île de Montréal et nous voulons évidemment continuer à représenter les Montréalais avec notre équipe solide », indique François Legault.
Une variable incontestable : le résultat du PLQ
Si le parti majoritaire sortant réussit à convaincre un électorat francophone, le défi est plus grand du côté de l’électorat issu de la diversité.
La CAQ et Québec solidaire se livrent une lutte serrée dans Maurice-Richard, par exemple. Dans cette circonscription, la caquiste Audrey Murray fait face au solidaire Haroun Bouazzi. Au coude à coude à 29% dans les projections de vote, la balance pencherait plutôt pour QS. « Ce n’est plus ce que c’était dans cette circonscription. Il y a moins de natifs québécois et beaucoup d’immigrants », estime M. Lamoureux.
Un facteur qui expliquerait également la montée en force de la CAQ dans Marquette, circonscription comptant une importante proportion de francophones.
Et François Legault n’a pas choisi la circonscription de Verdun au hasard, mardi. L’ex-conseillère d’arrondissement de Projet Montréal Véronique Tremblay portera la bannière caquiste, forte de sa connaissance du terrain. Elle pourrait ainsi mettre un terme au règne libéral qui dure depuis 1966 dans Verdun. Alors que la CAQ s’y affirme, dans les projections de vote, la montée en puissance de QS pourrait être difficile à gérer pour le parti de M. Legault.
Mais c’est dans Saint-Henri–Sainte-Anne que la CAQ travaillera le plus dur pour tenter de faire perdre Dominique Anglade. En forte perte de vitesse, la cheffe du Parti libéral du Québec est notamment menacée par la CAQ, qui y a multiplié par deux ses intentions de vote en l’espace d’une semaine. «Ça n’a aucun sens que le Parti libéral soit dans cet état-là. […] Si [Dominique Anglade] perd cette circonscription, ça sera une catastrophe pour le parti», analyse le politologue André Lamoureux.