Métro Montréal

PLQ De la scène au Salon bleu

Iels connaissai­ent déjà la lumière, mais ont sauté dans l’arène politique pour changer les choses. Métro a rencontré des artistes et personnali­tés publiques devenu.e.s politicien.ne.s pour parler de leur transition – parfois difficile – de l’adulation à

- Naomie Gelper et Marie-Josée Roy info@journalmet­ro.com

Mathieu Gratton : aider les autres Benjamin

Poussé par un désir d’aider les autres, l’humoriste Mathieu Gratton tentera de se faire élire au sein du caucus libéral lors des prochaines élections provincial­es.

Candidat dans la circonscri­ption de Laporte, qui englobe Saint-Lambert et une partie de Longueuil, il n’avait jamais sérieuseme­nt pensé à faire le saut en politique avant d’être approché par le Parti libéral du Québec (PLQ).

Celui qui est papa d’un jeune homme autiste pense pouvoir défendre les droits des personnes autistes à l’Assemblée nationale, comme il le fait activement dans son quotidien.Depuis 2017, l’artiste âgé d’une quarantain­e d’années sensibilis­e la population au trouble du spectre de l’autisme sur sa page Facebook « Le monde de Benjamin» ainsi que dans le cadre de conférence­s et de spectacles-bénéfice.

«Je veux essayer, encore, d’aider les gens d’une autre façon, souligne-t-il. J’ai déposé des projets dans le passé et je me suis toujours dit que si j’avais eu un allié à l’Assemblée nationale ou si j’avais été moi-même là, peut-être que j’aurais pu faire plus pour ces familles-là. »

Aider les plus vulnérable­s

Bien qu’il ait aussi considéré se porter candidat pour la Coalition avenir Québec (CAQ) – à qui il a donné son vote aux dernières élections –, Mathieu Gratton a finalement choisi de porter les couleurs du PLQ.

«J’ai lu la plateforme du parti [libéral]. Ce qui est proposé dans différents domaines, ça me plaît», déclare celui qui mentionne toutefois avoir voté «oui» au référendum de 1995.

Plus particuliè­rement, c’est la propositio­n de créer un ministère responsabl­e des personnes handicapée­s qui l’interpelle. « Ça prend une oreille plus attentive au gouverneme­nt pour ces personnes-là, incluant les personnes autistes », mentionne-t-il.

Sa créativité, un atout

Aux côtés de Ghyslain Dufresne, Mathieu Gratton a notamment été membre du duo comique Crampe en masse, pour lequel il a écrit la majeure partie des textes grivois. En 2000, il avait remporté le prix de «Découverte de l’année» au gala Les Olivier.

«Les gens ont facilement des préjugés sur l’individu qui se présente [en politique]. Dans mon cas, c’est le fait que je sois humoriste. C’est comme si je n’étais rien d’autre que ça », déplore-t-il.

Bien qu’il confie aussi recevoir des commentair­es plus virulents de la part d’internaute­s sur les médias sociaux depuis l’annonce de sa candidatur­e, cela ne le décourage pas.

« Le métier d’humoriste, c’est d’observer les comporteme­nts des gens dans la société pour créer. La créativité, c’est un de mes atouts, pas juste dans les arts, mais dans l’idée de trouver des solutions à des problèmes», poursuit celui qui considère avoir fait «surtout autre chose» que de l’humour dans les dix dernières années.

Pierre-Luc Brillant : le goût de rêver

On se souvient évidemment de l’ado rebelle Raymond Beaulieu de C.R.A.Z.Y. De Nos étés à Au secours de Béatrice, Pierre-Luc Brillant a toujours figuré dans les trames télévisuel­les et cinématogr­aphiques de nos vies.

Cette année, c’est un tout autre rôle que l’homme de 44 ans endosse, en se portant candidat du Parti québécois dans la circonscri­ption de Rosemont, à Montréal, en vue des élections provincial­es du 3 octobre.

Pour ne plus déprimer

Pierre-Luc Brillant raconte avoir toujours été très politisé et animé de la ferveur indépendan­tiste. Or, de là à faire lui-même le saut en politique, il y avait un pas. Jusqu’à ce que le Parti québécois le contacte, au printemps dernier. «C’est drôle, parce qu’on vit dans une démocratie, et on a peur de dire nos idées politiques. J’étais rendu déprimé politiquem­ent; je veux bien que l’économie soit saine, mais on ne peut pas créer un projet de société sur le déficit zéro et l’austérité. Ça ne fait pas rêver grand monde, affirme-t-il. J’ai beaucoup aimé l’orientatio­n que le Parti québécois (PQ) prenait, celle de mettre l’indépendan­ce au coeur du projet. »

Pierre-Luc Brillant a consulté son entourage proche (dont sa conjointe, la comédienne et chanteuse Isabelle Blais) puis à accepter la propositio­n du PQ. «Et j’ai été surpris de constater que personne ne tentait de me décourager. Je me suis donc dit que, tant qu’à rester chez nous à chialer dans mon salon, j’allais mettre l’épaule à la roue et m’impliquer. »

Pas pour l’amour

De l’avis de Pierre-Luc Brillant, les gens de Rosemont voteront-iels pour lui, pour ses volontés politiques ou pour sa bouille célèbre? «Je ne suis pas dans la tête des voteurs, mais j’ose espérer que ça sera pour les idées et non parce qu’ils m’ont vu quelque part », hasarde-t-il.

« En politique, je me suis rendu compte que la game est rough, nuance-t-il. J’ai découvert c’est quoi, les trolls et la haine gratuite… Donc, je ne m’en vais pas là pour avoir de l’amour.» Parmi ses chevaux de bataille : l’importance de concrétise­r l’indépendan­ce du Québec, le déclin de la langue française, la dépendance au pétrole, la préservati­on de l’environnem­ent, l’accessibil­ité au quartier Rosemont, la prise en charge de la «plaie» qu’est à ses yeux Airbnb, ainsi que la mise sur pied d’une caisse d’assurance-emploi qui assurerait un revenu aux artistes québécois.es en cas de précarité.

Et, oui, à ses yeux, le PQ est le bon véhicule pour matérialis­er ses idéaux. La formation doit se reconstrui­re, il le reconnaît, mais «la charpente est là et est très saine», avance-t-il. Il n’y a qu’à rafraîchir le revêtement. « Tous les partis doivent se repenser au cours de leur histoire. »

Pierre-Luc Brillant compte se dévouer corps et âme à son rôle de député s’il est choisi et se dit prêt à mettre la pédale douce sur ses activités artistique­s.

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