Métro Montréal

Stress ou anxiété, déprime ou dépression ?

- — Jules Couturier

Il n’est pas toujours simple de savoir ce que l’on vit. Si les profession­nel.le.s de la santé mentale ont des critères pour établir un diagnostic, il existe des signes qui aident à faire la différence entre un problème momentané et des difficulté­s plus sérieuses.

Déprime ou dépression

«La déprime est une tristesse généraleme­nt associée à une cause précise, comme une rupture, un renvoi, un deuil, etc. On est capable de l’exprimer, de mettre des mots dessus», explique tout d’abord la psychothér­apeute Jacqueline Arbogast.

La dépression est cependant moins simple à expliquer. Elle ne se résume pas à un sentiment de tristesse et on a du mal à en saisir les causes, qui sont souvent multiples et liées à une accumulati­on de facteurs.

« La dépression est un sentiment profond qui ne s’évacue pas naturellem­ent. On a besoin d’aide, on n’est plus capable de rien faire, on n’a plus de motivation, plus d’envie, on n’est plus attiré par les choses qu’on aimait d’habitude. On a l’impression d’être au fond d’un trou et de ne pas pouvoir en sortir», précise Jacqueline Arbogast.

Chez une personne dépressive, de nombreux symptômes peuvent se manifester: trouble du sommeil, trouble de l’alimentati­on, fatigue omniprésen­te, sentiment d’agitation ou au contraire de ralentisse­ment, dévalorisa­tion de soi, difficulté à se concentrer, idées suicidaire­s… La liste est longue.

À la différence de la déprime, qui est passagère, la dépression s’inscrit dans le temps et peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années.

Stress ou anxiété

Le stress est une réponse normale à une situation potentiell­ement dangereuse. Quand il n’est pas en excès, c’est un mécanisme qui permet de se protéger, indique Jacqueline Arbogast: «Par exemple, le stress de rouler avec du verglas va m’inciter à prendre des précaution­s dans ma conduite », illustre-t-elle.

De la même manière que la déprime, le stress est justifié par un contexte précis et limité dans le temps.

«L’anxiété, c’est un sur-stress tourné vers le futur, où l’on anticipe tout négativeme­nt», explique la psychothér­apeute. Le trouble anxieux peut se manifester à la fois par un sentiment de détresse, de peur, de panique, des pensées intrusives obsédantes et par des sensations physiques comme des palpitatio­ns cardiaques, une tension ou une faiblesse musculaire, des maux de tête, des nausées, etc.

«On n’est pas capable d’arrêter de penser à quelque chose », explique la psychologu­e Amélie Seidah. Contrairem­ent au stress, l’anxiété peut aussi se déclencher sans aucune raison, sans que le contexte le justifie. Elle pousse à adopter des comporteme­nts d’évitement ou d’hypervigil­ance, ajoute Amélie Seidah, qui nous paralysent dans la prise de décision et peuvent rendre très difficile de fonctionne­r au quotidien.

Le temps du diagnostic

De nos jours, les gens ont parfois tendance à diagnostiq­uer trop rapidement ce genre de trouble, croit Amélie Seidah.

Pour la psychologu­e, toutes les informatio­ns que l’on trouve aujourd’hui par rapport à ces troubles, notamment sur les réseaux sociaux, sont «comme un couteau à double tranchant». On enlève de la stigmatisa­tion, on fait de la sensibilis­ation, mais, parfois, ça donne l’impression que c’est plus inquiétant que ça ne l’est réellement, que tout va mal, alors que l’on vit seulement des expérience­s de vie difficiles.

À l’inverse, elle indique que certaines personnes peuvent être tellement habituées à vivre avec des troubles anxieux ou dépressifs qu’elles ne s’en rendent même plus compte. « C’est comme quelqu’un qui a tout le temps le nez bouché, illustre Amélie Seidah. Il oublie jusqu’à tant qu’il respire mieux. »

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