Métro Montréal

Daniel Bélanger : synchro avec lui-même

- — Caroline Bertrand

Les fans de Daniel Bélanger n’ont pas eu une, mais deux nouvelles oeuvres de sa part à savourer en peu de temps. Après son premier recueil de poésie, Poids lourd, paru à la fin de l’été, l’auteur-compositeu­r-interprète propose ce vendredi son nouvel album, Mercure en mai.

Ce 11e opus (en comptant l’album enregistré devant public Tricycle) a été composé en pleine pandémie, alors que « tout le monde était stallé », raconte en entrevue l’icône de la musique québécoise à Métro.

«La pandémie a fait que le passé ne pouvait plus exister; et le futur, on l’attendait. J’ai été chanceux, je n’ai perdu personne à cause de la pandémie, j’avais juste à vivre au jour le jour. Et observer et m’en remettre à cette journée-là», se souvient-il.

De ses observatio­ns quotidienn­es et ses rencontres impromptue­s découlent les 10 pièces de Mercure en mai.

La flamme brûle toujours

L’inspiratio­n, Daniel Bélanger le confirme, ne se tarit guère. «La flamme n’est pas éteinte, j’ai encore envie de parler de ce monde dans lequel je vis. Je me trouve chanceux de m’amuser encore, sinon plus, puisque je suis un meilleur musicien, un meilleur technicien en studio qu’avant. C’est très libérateur. »

Fait étonnant, un autre album aurait pu voir le jour durant la pandémie, si ce n’est que son créateur l’a finalement mis de côté. « Je croyais dur comme fer que ce serait le prochain album. Mais je me suis demandé si j’allais pouvoir vivre avec ces chansons-là longtemps et si c’était le bon moment pour moi. La réponse a été non. »

Il est alors reparti sur d’autres avenues, celles-ci fructueuse­s, en adéquation avec le Daniel d’aujourd’hui.

Résultat : l’envoûtant Mercure en mai, où s’élèvent des voix opératique­s, auxquelles nous avait familiaris­é.e.s Travelling en 2020, qui porte l’indélébile signature Bélanger tout en ayant son identité propre —à l’instar de chaque album depuis l’initial Les insomniaqu­es s’amusent, paru en 1992.

L’ambiance locomotive

Lorsque Daniel Bélanger crée —toujours la musique d’abord, les paroles s’y greffent—, une chanson établit l’ambiance, le climat de l’album à venir. « C’est comme si le terrain de jeu était délimité. Je connais sa taille. Ça me permet de bien bouger là-dedans », décrit-il.

Dans le cas de Mercure en mai, Joie en a été la locomotive acoustique, bien que « Soleil levant ait été très amusante à faire et stimulante pour les autres à venir ».

Mais ce climat, qui dicte ce dont il parlera, est une question d’instinct: «On me demanderai­t de parler du climat, je serais incapable de le faire. J’aime l’endroit où je me retrouve et c’est favorable à ce que je compose d’autres pièces. Un lieu où je sens que je suis synchronis­é avec ce que je veux faire. C’est très intuitif, tout ça. »

Si vous vous demandez de quoi peut avoir l’air Daniel Bélanger en pleine séance de création dans son studio, imaginez-le improvisan­t des paroles au son d’une musique. «Au lieu de raturer sur un papier, j’efface ce que je viens de chanter, explique-t-il. C’est comme s’il y avait un truc de plus en plus spontané dans mon travail. »

On constate avec Mercure en mai que la créativité de Daniel Bélanger — à l’instar de son inspiratio­n — ne se tarit pas non plus. «Je suis heureux que les gens aient été curieux de mon travail toutes ces années et qu’ils ne semblent pas s’en lasser. » On parie que son public, fidèle, ne se lassera jamais d’entendre tout ce qui joue dans sa tête.

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