Celui qui aurait peut-être pu sauver Québec en 1759
Tous les livres sur les grands explorateurs consacrent un chapitre à Louis-Antoine de Bougainville. De multiples façons, son nom est rappelé dans de nombreuses îles de l’océan Pacifique. Et une avenue de notre quartier Montcalm lui est dédiée. Comme nous le verrons, ce Bougainville, qui fut le premier Français à faire le tour du
monde, aurait peut-être pu sauver Québec en 1759 !
Le fils d’un échevin de Paris
Le jeune officier Louis-Antoine de Bougainville avait 26 ans lorsqu’il débarqua à Québec en 1756. Lui qui aurait pu faire une brillante carrière de mathématicien ou de diplomate était entré dans l’armée pour voyager. Il avait vu le jour à Paris en 1729. Son père, Pierre-Yves de Bougainville, conseiller du roi et notaire, s’était fait connaître comme échevin de Paris.
De solides études classiques et de bons maîtres permirent à Louis-Antoine de Bougainville de développer ses talents de mathématicien. Il était encore bien jeune lorsqu’il publia, en deux volumes, en 1754 et 1756, son impressionnant Traité du calcul intégral. Ce qui lui permit, lorsqu’il séjourna à Londres en tant que secrétaire de l’ambassadeur, à compter de 1754, de se voir admettre comme membre de la prestigieuse Royal Society en 1756. Ce fut son frère, Jean-Pierre de Bougainville, membre de l’Académie française, de sept ans son aîné, un passionné de géographie et d’astronomie, qui lui donna le goût des voyages. Et, en cette époque où les terres nouvelles se découvraient ou se conquéraient à la pointe de l’épée ou au feu des mousquets, il décida donc de se faire militaire.
L’aide de camp de Montcalm
Ce fut ainsi que Bougainville arriva à Québec en 1756 avec les troupes envoyées par le roi Louis XV pour défendre la Nouvelle-France menacée d’une invasion britannique. Ce fut dans une ville de Québec inquiète que se retrouva Bougainville. Avec empressement, on y achevait la construction des fortifications. Aide de camp de Montcalm, il le suivit, participant à la bataille d’Oswego en 1756 et à la bataille de Carillon en 1758, où il fut blessé. À l’automne de 1758, Bougainville fut envoyé en France pour réclamer des renforts. C’est à lui que le ministre Berryer répondit avec désobligeance que l’on ne cherchait point à sauver les écuries quand le feu était à la maison. Ce à quoi Bougainville, offusqué, rétorqua : « On ne dira pas, du moins, Monsieur, que vous parlez comme un cheval ! » L’intervention de madame de Pompadour calma la fureur du ministre. Au printemps de 1759, Bougainville revint donc à Québec avec de maigres renforts.
Lors du terrible été de 1759 qui vit la flotte britannique se présenter à la pointe de l’île d’Orléans, Bougainville fut de garde en juillet au camp de Beauport. En août, il se vit confier la direction des troupes qui surveillaient le Saint-Laurent au-delà de Cap-Rouge. Au matin du fatidique 13 septembre, Bougainville était cantonné à CapRouge lorsqu’il apprit que les troupes britanniques avaient pris position sur les plaines d’Abraham. Montcalm lança ses troupes impatientes contre celles