Prestige

De Rouen à Reading

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Le soldat Laurent Raymond Jerry Gervais a connu Eva Sophia House lors d’une panne de courant durant les bombardeme­nts allemands, à Reading. Love at first sight, disent les Windsor. Le couple a eu quatre enfants; Ricky est le cadet. « Une naissance non planifiée, juste avant l’arrivée de la pilule », a dit Eva. Humour britanniqu­e ?

Au risque de décevoir ses admirateur­s québécois, Gervais n’a pas tellement d’intérêt pour ses origines francocana­diennes. « Je ne me suis jamais préoccupé d’où je venais. Je ne vois vraiment pas le point. » L’idée d’être le cousin lointain de Céline Dion, Madonna, Hillary Clinton, Alanis Morissette et Ellen DeGeneres ne l’entiche pas pantoute. Ce qui n’empêche pas une généalogis­te du Huffington Post, étonnée de tout ce talent féminin dans la même tribu, de se demander ce qu’il y a dans les gènes canadiens-français pour produire des femmes aussi dominantes.

Rick n’est jamais venu au Québec, ni en Ontario. De la famille Gervais, il se souvient de la visite de ses oncles et tantes qui débarquaie­nt du Canada avec leurs vestes à carreaux. De son père briqueteur, mort en 2002, qui a trimé dur toute sa vie, Rick a gardé le souvenir d’une forte éthique du travail : « Il se levait à 5 h 30 chaque matin et allait travailler dans

Jerry Gervais est né à Paincourt en 1919, dans le sud-ouest ontarien, près de la… Thames River, près de London ! Le destin ? Le nom de Paincourt vient de la misère extrême des ancêtres, nous apprend le site Web de la ville : « Les missionnai­res disaient : “Je m’en vais dans la mission du pain court”, ou tout simplement : “Je m’en vais à Pain Court.” Et le nom prit racine pour toujours. » Jerry était le fils d’Adélard Gervais et de Florence Irène Desloge qui s’étaient mariés (obligés ?) quelques mois plus tôt, à Toledo, Ohio. Comment expliquer autrement qu’ils se soient mariés de l’autre côté du lac Érié, aux États-Unis ? Les parents d’Adélard (aussi appelé Dolor), qui venaient de Paincourt, ont eu 16 enfants.

L’ancêtre des Gervais était un Talbot : Jean-Jacques Talbot. Soldat aussi. Originaire de Saint-Gervais de Rouen, il débarque au fort Lachine à la toute fin du siècle. Il épouse Marie-Charlotte Sommereux, une Montréalai­se de la troisième génération. L’air de Ville-Marie ne plaît guère aux tourtereau­x : les Talbot partent pour l’est, loin du tomahawk des Iroquois, et s’établissen­t à Montmagny, où ils auront six enfants avant la mort de Marie-Charlotte, en 1708.

Leur fils Simon Talbot (1702-1783), après avoir aussi perdu sa première femme, épouse Marie-Thérèse Allaire en 1734. La famille passe plus d’un siècle sur la Côte-du-Sud, avant le départ du petitfils, Stanislas (1823-1872), au milieu du

siècle, pour l’Ontario, au pays du pain court. Là où naîtra, en 1919, le soldat Gervais.

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