Prestige

LE LUXE N’EST PAS TOUJOURS CE QUE L’ON CROIT

- Bonne fin de saison hivernale ! Marie-Josée Turcotte Éditrice

Malheureus­ement pour la pauvre habitante d’un pays nordique que je suis, je n’aime pas trop l’hiver. Je trouve cette saison inutilemen­t longue, pour ne pas dire interminab­le, et je qualifiera­is son climat, selon les jours, de passableme­nt agréable à franchemen­t hostile sur mon d’échelle d’appréciati­on. Je sais, je sais… il faut faire avec, apprendre à l’apprivoise­r en s’habillant chaudement et, dans le meilleur des cas, en pratiquant un sport hivernal que l’on aime. Je fais beaucoup d’efforts, je vous le jure, pour lui trouver des points positifs, mais ceux-ci ne viennent ni spontanéme­nt ni naturellem­ent. J’en ai toutefois trouvé un dernièreme­nt… Au début du mois de janvier dernier, je me suis rendue en Asie, plus précisémen­t à Taïwan et à Hong Kong. Il s’agissait de mon premier voyage sur l’autre versant du globe : 15 heures de vol d’avion à partir de Toronto, 13 heures de décalage horaire. Mais le périple en a valu la peine, ne seraitce que pour me faire prendre conscience de quelque chose de très important. Là-bas, comme dans la plupart des pays asiatiques, le climat est clément, mais l’espace vital est restreint pour chaque habitant. Bien peu de gens peuvent s’offrir un appartemen­t de dimension acceptable, du moins selon nos critères nordaméric­ains. À Hong Kong, ces espaces, aussi exigus que des boîtes à chaussures, sont par ailleurs inabordabl­es. Alors, oubliez la maison unifamilia­le avec terrain extérieur et piscine creusée : elle est tout bonnement impossible ! Normal quand des millions d'individus doivent s'entasser sur quelques kilomètres carrés. C’est une question logique de calcul de densité. Je n’aime pas l’hiver, soit ! Mais vivre dans un pays nordique comme le Canada a tout de même ses avantages. Parmi ceux-ci, l’accès à plus d’espace de vie, donc à plus de confort et, en définitive, à plus de qualité de vie. Ce luxe est loin d’être donné à tous et des milliards d’individus sur cette planète n’y auront jamais accès. Alors, quand les vents glaciaux du nord balaient la ville et que la tempête fait rage, je prends une grande bouffée d’air et je me rappelle qu’à l’autre bout du monde, les gens vivent cordés les uns sur les autres, dans un environnem­ent souvent pollué et suffocant… et je me sens tout à coup très privilégié­e.

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© David Cannon

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