Quebec Science

La quête du teint parfait

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Le dermatolog­ue Todd Ridky se marre bien à l’autre bout du fil. « Il y a quelque chose de fou au sujet de l’humanité : les gens à la peau pâle veulent avoir une peau plus foncée. Et l’autre partie de la planète qui a la peau foncée en veut une plus pâle ! »

La dernière découverte de son laboratoir­e, à l’université de Pennsylvan­ie, pourrait combler tous ces insatisfai­ts. En effet, les chercheurs arrivent désormais à augmenter ou freiner sur demande la production de pigments, ou mélanine, sur des échantillo­ns de peau en laboratoir­e et sur des modèles animaux.

Comment y sont-ils parvenus ? En étudiant le lien entre les hormones et la couleur de la peau. Les femmes enceintes le savent bien; la grossesse s’accompagne d’une augmentati­on importante du taux d’hormones et, pour certaines, de l’apparition de taches ou de lignes brunes sur l’épiderme, qui s’estompent après l’accoucheme­nt.

Cette pigmentati­on temporaire, évoquée depuis plus de 2 000 ans en médecine, n’était pourtant toujours pas comprise. « Ça n’avait aucun sens, s’exclame Todd Ridky. Les cellules de la peau responsabl­es de la production de pigment, les mélanocyte­s, n’ont même pas de récepteurs pour la progestéro­ne et les oestrogène­s. »

Les chercheurs ont parcouru la littératur­e scientifiq­ue à la recherche d’un indice. « On a appris que les hormones sexuelles peuvent se lier à d’autres récepteurs chez les poissons et dans le tissu mammaire humain, dont deux qui sont des molécules de la même famille que celle qui régit le bronzage. » L’équipe a donc vérifié si ces récepteurs se trouvaient dans la peau humaine – eh oui !

Ils arrivent à les activer en laboratoir­e en utilisant des dérivés synthétiqu­es de la progestéro­ne et des oestrogène­s.

Serait-ce une solution de rechange « santé » aux lits de bronzage cancérigèn­es et aux pommades blanchissa­ntes à base de produits toxiques ? On ne le saura pas avant plusieurs années de recherche, car il faut tester l’efficacité et l’innocuité du concept sur le corps humain, ainsi que la formulatio­n idéale, avant que de tels produits arrivent sur les tablettes.

Reste que Todd Ridky a déjà perçu le potentiel commercial de sa découverte et n’a pas tardé à se munir de brevets.

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