SAULE GUÉRISSEUR
Les arbres ne sont pas seulement beaux. Ils soignent. Pour preuve, la phytoremédiation, une technique de décontamination des sols intimement liée à leurs racines. Michel Labrecque, responsable de la recherche au Jardin botanique de Montréal, travaille avec les saules à croissance rapide depuis plusieurs années. Il les utilise pour restaurer des friches industrielles et des sites contaminés. Il leur faut deux ou trois ans pour s’adapter au sol — pauvre en nutriments, mais riche en métaux lourds — qui les accueille. Petit à petit, les saules aspirent les contaminants (la phyto-extraction) et les accumulent dans leurs tissus (la phyto-stabilisation). Ils réussissent ainsi à produire suffisamment de biomasse pour extraire les substances dangereuses. En effet, certains cultivars de saule ont la capacité de concentrer dans leurs tissus des métaux lourds, comme le cadmium et le zinc, dans un facteur de 8 à 10 par rapport au sol environnant. Et tout cela dans une saison de croissance aussi courte que celle qui prévaut au Québec. Ainsi, en récoltant chaque année leurs tiges et leurs feuilles, on voit baisser la concentration en polluants. Cette technique de décontamination des sols par les plantes est peut-être lente, mais elle s’avère bien plus durable et moins coûteuse que la méthode traditionnelle : déplacer le problème en l’enfouissant ailleurs. Les saules inspirent plus que les chercheurs ! Ainsi, Espace pour la vie les met à l’honneur cet été au Jardin botanique avec le maître américain du land art Patrick Dougherty. L’artiste créera deux oeuvres in situ tandis que le public participera à une oeuvre collective. Faites de tiges de saules tressées, ces structures organiques invitent à la contemplation d’une nature riche et souveraine, qui nous comble et qui nous soigne.
Au Jardin botanique, les saules inspirent autant les chercheurs que les artistes.