CASSINI : LE DERNIER PLONGEON
La mission Cassini touche à sa fin; elle aura permis de recueillir des données précieuses sur Saturne et ses lunes jusqu’à la dernière seconde.
La mission Cassini aura permis de recueillir des données précieuses sur Saturne jusqu’à la fin.
Voilà 13 ans qu’elle orbitait autour de Saturne, scrutant avec ses 12 instruments la géante aux anneaux, ainsi que ses lunes. La sonde achève toutefois sa mission : arrivant au bout de ses réserves de carburant, elle foncera le 15 septembre vers le coeur de Saturne pour se désintégrer, grappillant au passage quelques données sur son atmosphère.
Un destin tragique ? Plutôt une fin inspirante et romantique, selon la NASA qui prépare depuis des mois cette grande finale. Le but de l’opération est noble: pour éviter de perdre le contrôle de la sonde et de risquer qu’elle s’écrase sur une des lunes, les scientifiques ont opté pour le suicide. Ils souhaitent ainsi préserver les satellites naturels – comme Encelade qui posséderait un océan sous sa surface glacée – de toute contamination humaine. Entre avril dernier et septembre,
Cassini aura effectué (si tout se déroule comme prévu) 22 plongeons entre Saturne et ses anneaux internes, dans une zone large de quelque 2400km où l’on ne trouve quasiment aucune poussière, comme l’a confirmé le premier passage, le 26 avril. De quoi recueillir des informations inédites et finir en beauté.
Fruits d’une collaboration entre la NASA et l’Agence spatiale européenne, la sonde Cassini et son module
Huygens qui a « atterri » sur Titan (la plus grosse lune de Saturne) en 2005, ont permis de lever le voile sur cette région lointaine du Système solaire. On a ainsi découvert une cinquantaine de nouvelles lunes saturniennes, des océans de méthane sur Titan et des geysers de vapeur d’eau sur Encelade. On a aussi accumulé de très nombreuses données sur le champ de gravité et le champ magnétique de la planète, ainsi que sur la composition de son atmosphère, et celle de ses anneaux faits de glace et de poussières.
Lors d’une conférence de presse en avril dernier, Earl Maize, responsable du programme Cassini à la NASA, rappelait l’extraordinaire succès de la mission. « La sonde a été lancée il y a 20 ans: c’est le voyage d’une vie. Cette phase finale est très excitante, nous sommes fiers d’avoir su exploiter la sonde jusqu’au bout de façon créative. Mais il y a aussi une pointe de tristesse: nous sommes connectés à Saturne depuis 13 ans, et nous allons perdre ce lien », a-t-il dit, visiblement ému.