Quebec Science

Repenser le chemin vers l’école

- Par Annie Labrecque

À quoi ressembler­ait une zone scolaire sécuritair­e?

Le trajet idéal pour l’écolier

Le chemin qui mène à l’école doit être direct et sans détour. Il faut que l’enfant ait accès à des trottoirs assez larges pour sa sécurité et qu’il puisse compter sur la présence d’un brigadier scolaire aux intersecti­ons près de l’école pour le faire traverser. La police peut aussi faire de la sensibilis­ation dans le secteur.

Réduire la vitesse autour de l’école

Même si la vitesse en zone scolaire est limitée à 30 km/h, des élèves de cinquième et sixième année du primaire, interrogés par la chercheuse, le constatent : les automobili­stes roulent trop vite. « En sécurité routière, ce qui fonctionne le mieux pour réduire la vitesse et éviter les collisions, ce sont les obstacles physiques à la conduite, affirme-t-elle. Par exemple, des saillies du trottoir et des dos d’âne. »

Intersecti­on avec feux de signalisat­ion

En milieu urbain, les piétons sont surtout en danger lorsqu’ils traversent à une intersecti­on. Voilà pourquoi le fait d’y ajouter des feux de signalisat­ion est plus sécuritair­e pour les enfants. Mais encore faut-il qu’ils soient adaptés aux petites jambes. « On peut aider la traversée en augmentant la durée du feu », souligne Marie-Soleil Cloutier. À quoi ressembler­ait une zone scolaire sécuritair­e? C’est ce que nous avons demandé à

Marie-Soleil Cloutier, professeur­e au centre Urbanisati­on, Culture et Société de l’Institut national de recherche scientifiq­ue (INRS). Elle étudie la sécurité des piétons en milieu urbain. L’espace laissé à ceux-ci, et plus particuliè­rement aux enfants, est limité aux trottoirs, aux parcs et aux ruelles vertes. Quant au chemin jusqu’à l’école, il est semé d’embûches. Pourtant, il existe des solutions simples et validées par la science. Suivez le guide !

sensibilse­r les parents

Dès que leurs enfants ont quitté la voiture, les parents changent du tout au tout. « Ils sont très prudents lorsqu’ils vont les conduire. Mais le sont-ils encore après ? Des collègues torontois l’ont mesuré et, malheureus­ement, ils ont vu beaucoup de manoeuvres dangereuse­s de la part des parents, particuliè­rement quand ils n’avaient plus leurs enfants dans la voiture », remarque-t-elle.

Effet du nombre

À l’entrée et à la sortie des classes, les zones scolaires se remplissen­t soudaineme­nt d’enfants. « On observe alors un effet du nombre qui incite les conducteur­s à ralentir et diminue ainsi les risques de collision, note la chercheuse. Quand il y a plusieurs enfants, ils sont plus visibles pour l’automobili­ste. »

Diminuer la congestion automobile

En France et au Japon, par exemple, on ferme certains quartiers le matin pour protéger les enfants. « Des écoles pressent la Ville de Montréal de bloquer certaines rues, alors que d’autres ont aménagé un débarcadèr­e dans leur stationnem­ent pour un environnem­ent plus sécuritair­e », signale Marie-Soleil Cloutier.

Apprendre à devenir piéton

« Quand on considère les accidents chez les jeunes piétons, il y a deux groupes d’âge plus touchés : les 5-6 ans et les 11-13 ans, indique Marie-Soleil Cloutier. Du point de vue cognitif et psychologi­que, l’enfant de cinq ans a de la difficulté à évaluer le trafic et la vitesse. Pour la deuxième tranche d’âge, ce sont des jeunes qui, souvent, se faisaient reconduire par leurs parents au primaire. Ils n’ont donc pratiqueme­nt jamais été piétons pendant cette période. Lorsqu’ils arrivent au secondaire et doivent marcher jusqu’à l’autobus, ils connaissen­t mal les règles de la sécurité routière. » La solution ? Participer au « trottibus ». Les élèves du primaire vont à l’école à pied de façon sécuritair­e avec des parents bénévoles; ils apprivoise­nt ainsi le Code de la route.

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