D’autres pistes pour améliorer la sécurité
Avant d’envisager des avions de ligne sans pilotes, d’autres mesures pourraient améliorer la sécurité du transport aérien, notamment grâce au big data. L’IATA a ainsi mis sur pied un programme de gestion de données de l’aviation mondiale qui a pour objectif de colliger le plus de données possible au sujet des quelque
100 000 vols exploités quotidiennement sans heurt, histoire de développer des outils d’analyse et de parfaire la sécurité.
Une sécurité qui, d’ailleurs, s’est relâchée à certains égards au cours des 50 dernières années. Sous pression, l’industrie a assoupli des règles pour maximiser la rentabilité, par exemple en levant l’interdiction de décoller dans certaines conditions météo dangereuses ou en augmentant le nombre de pistes ouvertes en même temps.
Jean Laroche, du CQFA, estime en effet que « les recherches devraient porter sur l’opération et la régulation des vols, ainsi que sur la sélection et la formation optimale des pilotes, plus que sur l’automatisation globale ».
Il dénonce la formation défaillante des pilotes. Dans de nombreuses écoles, notamment au Canada, ces derniers sont entraînés par pilotage automatique et l’accent n’est pas mis sur la pratique en cas de situation inhabituelle. « Au lieu de dire aux recrues, “descends ici; fais ci; fais ça”, il faudrait programmer le simulateur afin qu’il offre au pilote un scénario inattendu qu’il doit apprendre à gérer seul, sans l’aide du pilotage automatique et des exécutions familières », explique Jean Laroche. D’autant que cette confiance aveugle en la machine cause de nombreuses erreurs en vol, un phénomène appelé « biais de l’automatisation » et étudié depuis une vingtaine d’années par Kathleen L. Mosier. Elle explique que les pilotes se reposant sur le pilotage automatique ont moins tendance à revérifier les instruments de l’avion. Ils prennent aussi de mauvaises décisions en cas de problème.
Enfin, dans plusieurs pays, dont le Canada, la pénurie de pilotes de ligne a ouvert la porte à des critères de sélection plus permissifs dans certaines écoles. « On peut alors se retrouver avec des gens qui ne devraient pas être à ce poste-là », déplore Jean Laroche.