Les questions de Rémi Quirion
scientifique en chef du Québec*
R.Q. : Pourquoi avoir choisi d’étudier le génie civil ?
S.Y. : À la fin de mon cours secondaire, je me suis inscrite aux concours d’admission de la faculté de génie et de l’Institut national d’administration de l’Université d’État d’Haïti. Mon choix s’est fait très rapidement, car j’ai été séduite par l’étendue de la formation scientifique offerte en génie. Alors que le marché de l’emploi reste précaire en Haïti, les nombreux débouchés dans ce domaine ont aussi pesé dans la balance. Au-delà des défis rencontrés pendant ma formation, c’est un projet de vie qui s’est construit.
R.Q. : Est-ce que votre outil pourrait être adapté à d’autres bâtiments ?
S.Y. : Oui, il peut facilement être adapté à l’évaluation de la fonctionnalité post-sismique de tout autre bâtiment classé par la protection civile. Actuellement, on considère l’utiliser dans le cadre d’un projet d’envergure à Vancouver.
R.Q. : A-t-il suscité un intérêt chez les décideurs haïtiens ?
S.Y. : Non. En raison de la vulnérabilité d’Haïti face aux multiples catastrophes naturelles, la gestion post-désastre et les réponses d’urgence deviennent des priorités quotidiennes. Avec l’appui des institutions internationales, l’administration centrale haïtienne s’est dotée d’un plan stratégique visant à atténuer les effets des catastrophes naturelles. Toutefois, les outils de prévention demeurent insuffisants et les initiatives visant à mieux évaluer les risques tardent encore.
R.Q. : Est-ce que la distinction que vous avez reçue vous encourage à aller encore plus loin dans une carrière scientifique ?
S.Y. : C’est une reconnaissance du travail accompli et de la qualité de l’encadrement prodigué par mes directrices de recherche. Ce prix est aussi un rappel des objectifs que je me suis fixés au début de mon doctorat entamé peu après le terrible tremblement de terre de 2010. Dans ce contexte, être chercheuse signifie de passer à l’action et d’utiliser le savoir scientifique pour contribuer à un véritable programme de réduction des risques sismiques.
* Le scientifique en chef du Québec conseille le gouvernement en matière de science et de recherche, et dirige les Fonds de recherche.