En quête des souvenirs perdus
Qui dit oubli dit inexorablement maladie d’Alzheimer, cette démence qui affecterait 30 millions de personnes dans le monde. Mais contrairement à ce que l’on croit, la maladie n’effacerait pas complètement les souvenirs. En fait, elle les « dissimulerait » plutôt, les mettant en quelque sorte hors de portée du cerveau. C’est du moins ce que suggère une étude publiée en 2017 et menée à l’université Columbia par l’équipe de la neurobiologiste Christine Denny. Son modèle : une souris modifiée dont les neurones « s’allument » en jaune lorsqu’ils enregistrent un souvenir, et en rouge lorsqu’ils sont sollicités pour se rappeler le souvenir en question. Logiquement, les cellules codant pour un souvenir réactivé sont donc colorées en jaune et en rouge. C’est le cas lorsqu’on apprend à des souris à associer une odeur précise à une décharge électrique. Lorsqu’on les expose de nouveau à l’odeur, elles réactivent instantanément leur souvenir de peur. Chez des souris atteintes d’une affection comparable à l’alzheimer, les chercheurs ont toutefois constaté que, en présence de l’odeur, ce n’était pas le bon souvenir qui était réactivé. Autrement dit, les neurones colorés en jaune n’étaient pas les mêmes que ceux colorés en rouge lors du rappel. Comme si le cerveau se trompait de circuit !
Et en « rallumant » de force le bon circuit, grâce à un faisceau laser, les chercheurs ont rendu aux souris leur souvenir, leur permettant d’associer de nouveau l’odeur à une expérience désagréable. « Si on confirme que les souvenirs restent aussi présents dans le cerveau des personnes atteintes d’alzheimer, on pourrait les aider à y accéder en utilisant des traitements comme la stimulation cérébrale profonde », a expliqué Christine Denny, lors du dévoilement de son étude.