POURQUOI SUIS-JE TOUJOURS FATIGUÉ ?
Voilà une complainte populaire autour de la machine à café, mais aussi dans le bureau du médecin. La fatigue est évoquée (directement ou indirectement) dans 29% des consultations auprès d’un médecin de famille, selon une étude menée il y a une quinzaine d’années par le docteur Denis Phaneuf, infectiologue au CHUM.
Google vous sera peu utile, puisqu’un nombre presque infini d’affections très différentes peuvent entraîner un épuisement : cancers, maladie coeliaque, sclérose en plaques, anémie, arthrite, insuffisance cardiaque, diabète, troubles métaboliques, dépression, etc.
La « fatigue chronique », qui touche de 0,5% à 2% des Canadiens, est un cas particulier. Son vrai nom est l’encéphalomyélite myalgique et ses causes sont encore mal comprises. Les personnes qui en souffrent sont extrêmement fatiguées depuis au moins six mois, et le repos n’y change rien. Même lire est difficile, car la mémoire à court terme est affectée… à très long terme. « Quatre ans après le début de la maladie, environ 15 % des patients sont totalement guéris, 15 % ont vu leur état se détériorer et 70 % ont trouvé des trucs pour améliorer leur qualité de vie », explique le docteur Phaneuf qui étudie la maladie et suit de nombreux patients qui en sont atteints. Les traitements efficaces manquent encore à l’appel.
Pour revenir aux causes possibles de la fatigue, il y a les médicaments ayant un effet secondaire désagréable. Le style de vie peut aussi être la source du problème. « Beaucoup de gens ne dorment simplement pas assez ! s’exclame le docteur Phaneuf. Ils disent ne pas avoir le temps. Ou alors ils prennent trois ou quatre cafés et s’étonnent de ne pas s’endormir, le soir ! Il n’y a pas une pilule qui va pouvoir vous aider à tenir comme ça ! » L’utilisation des téléphones intelligents avant le coucher n’aide peut-être pas non plus; elle est associée à un sommeil moins long et de moindre qualité, selon une étude parue en 2016 dans PLOS ONE (quoique le lien de causalité soit incertain).