QU’EST- CE QUE L’ENDOMÉTRIOSE ?
Ce mot ne vous dit rien ? Normal. Même les professionnels de la santé ne le connaissent pas toujours. D’ailleurs, en mars dernier, à l’occasion du mois de la sensibilisation à l’endométriose, le docteur Sukhbir S. Singh, professeur à l’Université d’Ottawa, soulignait qu’il est urgent d’accorder plus d’attention à la maladie. « L’impact pour certaines femmes se traduit en des années de douleurs, de multiples visites chez le médecin ou aux urgences, et potentiellement plusieurs chirurgies. Nombre d’entre elles se font dire qu’elles sont folles sans obtenir plus d’aide », a-t-il écrit sur le blogue de la Société canadienne pour la promotion de l’excellence en gynécologie.
Parfois confondue avec des douleurs menstruelles, l’endométriose touche de 5% à 10 % des femmes en âge de procréer. Au programme, des douleurs pelviennes intenses et parfois des problèmes de fertilité. L’endomètre est cette muqueuse qui s’épaissit chaque mois dans l’utérus en prévision d’une éventuelle conception. Il est ensuite évacué avec les règles s’il n’y a pas de grossesse. Chez les femmes atteintes d’endométriose, on retrouve des cellules endométriales en dehors de l’utérus, sur les ovaires ou les trompes de Fallope, par exemple, et parfois sur des organes voisins comme la
vessie ou le côlon. Même « délocalisées », ces cellules sont influencées par les hormones ovariennes. La douleur est ainsi plus vive pendant les règles.
On ne sait pas encore ce qui cause cette maladie, mais plusieurs hypothèses ont été émises. La plus acceptée veut que les cellules endométriales sortent de l’utérus grâce aux menstruations rétrogrades, c’est- à- dire quand le flux menstruel remonte vers les trompes de Fallope et jusqu’à l’abdomen. Ce processus survient chez 90 % des femmes, alors que seule une petite partie d’entre elles développent l’endométriose. « Un système immunitaire déficient pourrait expliquer cette différence », dit le docteur Togas Tulandi, chercheur à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et clinicien au Centre de reproduction du CUSM. Il étudie quant à lui le rôle d’un groupe de protéines, les WNT, dans le développement de la maladie. Endométriose
Pour ajouter au mystère, l’endométriose est difficile à identifier. Il s’écoule généralement entre 7 et 12 ans entre le premier signalement par la patiente et le diagnostic, selon la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. Il faut dire que, pour confirmer le diagnostic, on doit examiner l’intérieur du corps par laparoscopie.
Mais les travaux récents d’une équipe américaine publiés dans Molecular Medicine laissent croire qu’on pourrait déceler la maladie en testant le sang menstruel des femmes atteintes.
Dans le cadre d’un projet de recherche, le docteur Tulandi et ses collègues cherchent quant à eux une façon de diagnostiquer la maladie en analysant un échantillon de tissu utérin.
En attendant de pouvoir confirmer leur diagnostic, les spécialistes peuvent suggérer la prise d’une contraception orale pour apaiser les douleurs et ralentir la progression de la maladie, même sans être sûrs à 100 % du diagnostic. Dans certains cas, une intervention chirurgicale est indiquée pour enlever les cellules envahissantes. Mais ce n’est qu’un soulagement temporaire, le problème revenant peu à peu.
Vivement qu’on trouve la cause, un outil de diagnostic moins invasif et un nouveau traitement !