QUELLE TEMPÉRATURE EST CONSIDÉRÉE COMME INDICATRICE D’UNE FIÈVRE ?
QUAND CONSULTER ?
La température de 38°C est considérée comme la limite inférieure pour la fièvre. Mais, dans les faits, il y a une certaine variabilité entre les individus et au fil de la journée. De quoi y perdre son latin !
Le seuil de 38 C a été établi en 1868 par un Allemand, le docteur Carl Wunderlich. Il est parvenu à cette valeur en posant un thermomètre (de 30cm de long !) sous le bras de plus de 25 000 individus, et ce, au cours d’une collecte de données ayant duré 18 ans.
En 1992, une étude américaine est parvenue, quant à elle, à une valeur plancher de 37,2 C le matin et de 37,7 C pour le soir, en observant 148 participants de 18 à 40 ans. L’équipe appelait à une révision complète des normes en thermométrie clinique, mais, à ce jour, personne n’a refait un exercice aussi vaste que celui du docteur Wunderlich.
À l’autre bout du spectre, il y a les aînés. En 2005, des chercheurs ont joué du thermomètre dans une résidence pour personnes âgées et ont réalisé que très peu des participants atteignaient le fameux 37°C considéré comme
« normal » depuis l’époque de Wunderlich. Leur trouvaille a été publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society, en 2005.
Mais ces travaux ont été critiqués, car la prise de température se faisait par la bouche, ce qui n’est pas nécessairement fiable si les sondés sont indisciplinés.
Car voilà une autre donnée importante : le site de prise de la température influence le résultat. Sachez que la température rectale s’abaisse moins rapidement que dans le reste du corps, que le « d’sous de bras » est moins précis et que l’ingestion récente d’aliments influence la prise de température buccale. Par ailleurs, aucune technologie n’est parfaite. Même les thermomètres à infrarouge au front et au tympan qui, à première vue, semblent efficaces ne le sont vraiment que si l’on abaisse quelque peu la valeur considérée comme une fièvre. C’est du moins un résumé de plusieurs études compilées par la Société canadienne de pédiatrie. Vous pensez faire de la fièvre ? Ce n’est pas nécessairement la peine de prendre un comprimé, si vous arrivez à l’endurer. La fièvre n’est pas dangereuse en soi, et son intensité n’est pas un critère de gravité. Traditionnellement, on recommandait de la traiter systématiquement, pour éviter une pression supplémentaire sur un corps malade : les besoins métaboliques augmentent avec la température, tout comme la consommation d’oxygène. Les scientifiques réalisent toutefois qu’elle a aussi ses avantages. Par exemple, la surchauffe ralentit la reproduction des virus et des bactéries. Des études menées ces dernières années laissent croire à son potentiel, mais il n’y a pas encore de consensus. Pour ce qui est de la seconde colle, à savoir quand consulter, cela dépend de plusieurs facteurs. Pour un nourrisson de moins de trois mois, la question ne se pose même pas; on fonce chez le médecin. Pour les enfants plus vieux et les adultes : dans les cas où elle se prolonge plusieurs jours ou dépasse 41 °C, il faut consulter.