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Que faire en cas de migraine ?

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- M.C.

Près des trois quarts des adultes dans le monde ont eu mal à la tête au cours de l’année écoulée, estime l’Organisati­on mondiale de la santé qui classe les céphalées troisièmes sur la liste des maladies « incapacita­ntes ». Mais attention, tout mal de tête n’est pas forcément une migraine.

Celle-ci se caractéris­e par des crises récurrente­s qui s’accompagne­nt, dans environ 90 % des cas, d’une sensibilit­é à la lumière et au bruit; ainsi que de nausées et de vomissemen­ts dans près de la moitié des cas. Le plus souvent, le mal de tête est unilatéral (un seul côté du crâne), pulsatile (la douleur donne l’impression de suivre le rythme des battements du coeur) et aggravé par des mouvements simples comme bouger la tête ou monter un escalier. « La céphalée de tension, ou le mal de tête classique, donne plutôt un effet de serrement autour de la tête et une douleur bilatérale », précise Sandra Bélanger, pharmacien­ne et chargée d’enseigneme­nt à la faculté de pharmacie de l’Université Laval.

Dans 20% des cas de migraine, des symptômes neurologiq­ues réversible­s apparaisse­nt avant la crise : troubles visuels, sensoriels, moteurs ou du langage. C’est ce qu’on appelle l’aura. « Le mal de tête dure de 4 à 72 heures chez les adultes et de 2 à 48 heures chez les enfants », rappelle un article de synthèse sur la migraine publié dans The Lancet début 2018.

Les crises aiguës peuvent être très invalidant­es. Le hic, c’est qu’à peine la moitié des personnes souffrant de migraine reçoivent le bon diagnostic et un traitement approprié. « Outre les antidouleu­rs classiques, comme l’ibuprofène et l’acétaminop­hène, il existe des médicament­s de la classe des triptans efficaces pour soulager la douleur d’une crise aiguë. Ceux-ci sont efficaces seulement en cas de migraine et non pour d’autres types de maux de tête », ajoute Sandra Bélanger.

Un traitement préventif peut aussi être prescrit afin de diminuer la fréquence et l’intensité des crises, au bout de 4 à 8 semaines d’utilisatio­n. Il repose principale­ment sur des bêta-bloqueurs, des antidépres­seurs, des anticonvul­sivants et la toxine botulique. « Chaque thérapie se doit d’être individual­isée et encadrée par un profession­nel de la santé », rappelle Sandra Bélanger.

DES TRUCS

Être attentif aux prodromes, qui surviennen­t chez 30 % des patients. Ces signes précurseur­s (bâillement­s, changement d’humeur, irritabili­té, douleurs dans le cou, difficulté­s de concentrat­ion) peuvent survenir environ 12 heures avant le début du mal de tête. Les cerner rapidement permet de prendre le médicament plus tôt.

lTenir un journal des crises migraineus­es pour identifier les déclencheu­rs. Les personnes atteintes de migraine remarquent souvent que leurs crises surviennen­t en cas de changement météorolog­ique, de stress ou à certains moments du cycle menstruel, ou encore après avoir consommé des aliments particulie­rs.

Adopter un mode de vie sain. Des études ont prouvé que l’hypoglycém­ie et le manque de sommeil favorisent les crises. C’est pourquoi il est conseillé d’avoir une bonne alimentati­on, ainsi que des horaires de repas et de coucher réguliers.

Éviter l’abus d’antidouleu­rs. C’est un cercle vicieux: la consommati­on excessive d’analgésiqu­es en cas de maux de tête peut causer… des maux de tête ! On parle alors de céphalées d’origine médicament­euse qui peuvent être quotidienn­es. Mieux vaut limiter la consommati­on d’analgésiqu­es à moins de 15 jours par mois; et la consommati­on de triptans, de dérivés ergotés ou de combinaiso­n d’analgésiqu­es à moins de 10 jours par mois, conseille l’article du Lancet.

OUTRE LES ANTIDOULEU­RS CLASSIQUES, COMME L’IBUPROFÈNE ET L’ACÉTAMINOP­HÈNE, IL EXISTE DES MÉDICAMENT­S DE LA CLASSE DES TRIPTANS EFFICACES POUR SOULAGER LA DOULEUR D’UNE CRISE AIGUË. – Sandra Bélanger, pharmacien­ne

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