Comment arrêter une toux ?
32
La toux provoque jusqu’à 50 % des visites chez les médecins généralistes. « C'est toutefois un réflexe normal servant à maintenir nos voies respiratoires dégagées, rappelle Marie-Ève Girard, inhalothérapeute à l’Association pulmonaire du Québec. Ainsi, la toux grasse survient lorsque les voies respiratoires sont encombrées par des sécrétions. Elle sert à les déloger et à les expulser. »
La toux sèche, elle, est souvent plus problématique, d’autant que « plus on tousse, plus les bronches s’irritent ce qui augmente la toux », ajoute-t-elle. Pour arrêter ce cercle vicieux, certains médicaments antitussifs, notamment à base de codéine, de diphenhydramine ou plus souvent de dextrométorphane, sont disponibles en vente libre. Leur efficacité est toutefois relative. Une méta-analyse signée par la Cochrane Collaboration parue en 2014 concluait qu’il n’y avait pas de preuves tangibles quant à l’efficacité de ces antitussifs, faute d’essais cliniques probants.
Le dextrométorphane (qui ne doit pas être administré à des enfants de moins de six ans) donnerait toutefois des résultats, selon Alyn Morice, chercheur à l’université Hull, au Royaume-Uni : « Ce médicament atténue la sensibilité des centres nerveux responsables de la toux au niveau cérébral, mais, jusqu’à tout récemment, on comprenait mal le reste du circuit nerveux responsable de la toux. Des médicaments plus efficaces sont aujourd’hui en développement. »
Ce spécialiste mondial de la toux a justement mis au point un composé racheté par les laboratoires Merck, qui semble diminuer de 37 % la fréquence de la toux, selon les premiers essais cliniques.
En attendant sa commercia- lisation, Alyn Morice, qui reçoit des patients de toute l’Europe, note que l’effet adoucissant de certains sirops suffit. « Un remède à base de miel et de citron peut soulager, même si ce n’est que sur une courte durée. Cette stratégie devrait être le premier choix, en particulier chez les enfants », écrit-il dans une synthèse publiée en 2016.
Quant à la toux chronique (plus de huit semaines), elle requiert impérativement une visite chez le médecin, car, pour l’arrêter, il faut comprendre ce qui la provoque. Et, contre toute attente, la cause n’est pas toujours respiratoire. Certes, les récepteurs mécaniques et chimiques qui déclenchent le réflexe de toux sont surtout situés dans les voies aériennes et la sphère O.R.L. (nez, sinus, larynx, pharynx, canaux auditifs). Mais il y en a également dans l’oesophage et l’estomac. Si bien que, dans de nombreux cas, la toux chronique est due à un reflux gastro-oesophagien passé inaperçu, car il n’entraîne pas de brûlures d’estomac. « Il s’agit d’un reflux gazeux non acide, que beaucoup de médecins ne savent pas reconnaître, affirme Alyn Morice. Dans ces cas, les antiacides ne marchent pas, mais les médicaments dits prokinétiques peuvent être extrêmement efficaces. »
Autres causes fréquentes des toux chroniques : l’asthme et la rhinosinusite, qui peuvent nécessiter un traitement de fond.
Quelle qu’en soit la cause, si vous toussez, faites-le dans le pli de votre coude. Lors d’une étude publiée en 2014, des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology ont filmé et modélisé le nuage de gouttelettes expulsé en toussant. Ils ont démontré que les plus petites gouttelettes peuvent voyager 5 à 200 fois plus loin que les grosses. De quoi propager les germes avec une efficacité redoutable.