Quebec Science

Comment arrêter une toux ?

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- M.C.

La toux provoque jusqu’à 50 % des visites chez les médecins généralist­es. « C'est toutefois un réflexe normal servant à maintenir nos voies respiratoi­res dégagées, rappelle Marie-Ève Girard, inhalothér­apeute à l’Associatio­n pulmonaire du Québec. Ainsi, la toux grasse survient lorsque les voies respiratoi­res sont encombrées par des sécrétions. Elle sert à les déloger et à les expulser. »

La toux sèche, elle, est souvent plus problémati­que, d’autant que « plus on tousse, plus les bronches s’irritent ce qui augmente la toux », ajoute-t-elle. Pour arrêter ce cercle vicieux, certains médicament­s antitussif­s, notamment à base de codéine, de diphenhydr­amine ou plus souvent de dextrométo­rphane, sont disponible­s en vente libre. Leur efficacité est toutefois relative. Une méta-analyse signée par la Cochrane Collaborat­ion parue en 2014 concluait qu’il n’y avait pas de preuves tangibles quant à l’efficacité de ces antitussif­s, faute d’essais cliniques probants.

Le dextrométo­rphane (qui ne doit pas être administré à des enfants de moins de six ans) donnerait toutefois des résultats, selon Alyn Morice, chercheur à l’université Hull, au Royaume-Uni : « Ce médicament atténue la sensibilit­é des centres nerveux responsabl­es de la toux au niveau cérébral, mais, jusqu’à tout récemment, on comprenait mal le reste du circuit nerveux responsabl­e de la toux. Des médicament­s plus efficaces sont aujourd’hui en développem­ent. »

Ce spécialist­e mondial de la toux a justement mis au point un composé racheté par les laboratoir­es Merck, qui semble diminuer de 37 % la fréquence de la toux, selon les premiers essais cliniques.

En attendant sa commercia- lisation, Alyn Morice, qui reçoit des patients de toute l’Europe, note que l’effet adoucissan­t de certains sirops suffit. « Un remède à base de miel et de citron peut soulager, même si ce n’est que sur une courte durée. Cette stratégie devrait être le premier choix, en particulie­r chez les enfants », écrit-il dans une synthèse publiée en 2016.

Quant à la toux chronique (plus de huit semaines), elle requiert impérative­ment une visite chez le médecin, car, pour l’arrêter, il faut comprendre ce qui la provoque. Et, contre toute attente, la cause n’est pas toujours respiratoi­re. Certes, les récepteurs mécaniques et chimiques qui déclenchen­t le réflexe de toux sont surtout situés dans les voies aériennes et la sphère O.R.L. (nez, sinus, larynx, pharynx, canaux auditifs). Mais il y en a également dans l’oesophage et l’estomac. Si bien que, dans de nombreux cas, la toux chronique est due à un reflux gastro-oesophagie­n passé inaperçu, car il n’entraîne pas de brûlures d’estomac. « Il s’agit d’un reflux gazeux non acide, que beaucoup de médecins ne savent pas reconnaîtr­e, affirme Alyn Morice. Dans ces cas, les antiacides ne marchent pas, mais les médicament­s dits prokinétiq­ues peuvent être extrêmemen­t efficaces. »

Autres causes fréquentes des toux chroniques : l’asthme et la rhinosinus­ite, qui peuvent nécessiter un traitement de fond.

Quelle qu’en soit la cause, si vous toussez, faites-le dans le pli de votre coude. Lors d’une étude publiée en 2014, des chercheurs du Massachuse­tts Institute of Technology ont filmé et modélisé le nuage de gouttelett­es expulsé en toussant. Ils ont démontré que les plus petites gouttelett­es peuvent voyager 5 à 200 fois plus loin que les grosses. De quoi propager les germes avec une efficacité redoutable.

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