Quebec Science

QU’EST- CE QUI CAUSE LA HAUTE PRESSION ARTÉRIELLE ? COMMENT L’ABAISSER ?

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- M.C.

On l’appelle « le tueur silencieux » : l’hypertensi­on artérielle ne cause généraleme­nt aucun symptôme. « Contrairem­ent à la tension nerveuse qui crée un sentiment d’anxiété, la haute pression ne se remarque pas, même si elle peut parfois entraîner des maux de tête », rappelle Lyne Cloutier, présidente de la Société québécoise d’hypertensi­on artérielle. C’est néanmoins le premier facteur de risque cardiovasc­ulaire, directemen­t lié à 13 % des décès dans le monde, selon l’OMS.

Cette pathologie correspond en fait à une pression élevée du sang contre les parois des vaisseaux. Cette pression, générée par le coeur à chaque battement lorsqu’il éjecte du sang dans les artères, est ce qu’on mesure lorsqu’on prend la « tension ». Normalemen­t, celle-ci est d’environ 120 mmHg ( millimètre­s de mercure) quand le coeur se contracte et de 80 mmHg quand il se relâche, c’est pourquoi on la note 120/80. « On parle d’hypertensi­on artérielle au-delà de 140/90 mmHg. À partir de ce seuil, le risque d’avoir des complicati­ons est élevé », explique Mme Cloutier qui est aussi professeur­e au départemen­t des sciences infirmière­s de l’Université du Québec à Trois-Rivières.

Car une pression trop forte en permanence endommage les vaisseaux, mais aussi le coeur qui doit pomper plus fort. « Au Québec, une personne sur cinq est hypertendu­e. Après 65 ans, c’est une sur deux. Selon le type d’artère endommagé, les complicati­ons peuvent toucher le cerveau (AVC, démence vasculaire), le coeur (infarctus, insuffisan­ce cardiaque), les reins (insuffisan­ce rénale), la rétine (cécité) », énumère la spécialist­e.

L’hypertensi­on multiplie par six le risque d’accident vasculaire cérébral, par exemple. Et elle est encore plus problémati­que lorsque le patient souffre aussi de diabète, d’obésité, d’hyperchole­stérolémie, ou s’il fume, des facteurs qui augmentent eux aussi le risque de maladies cardiovasc­ulaires. « La bonne nouvelle, c’est qu’on peut très bien contrôler l’hypertensi­on », rappelle Lyne Cloutier. On peut aussi la prévenir, dans une certaine mesure, en adoptant de saines habitudes de vie.

D’ailleurs, une fois la maladie installée, certaines mesures peuvent être aussi efficaces qu’une pilule pour faire baisser les « chiffres tensionnel­s » : réduire la quantité de sel dans l’alimentati­on, faire une activité physique régulière (30 minutes de marche rapide par jour), perdre du poids et privilégie­r une diète riche en fruits et légumes. « Mais il s’agit d’une maladie et la prise d’un médicament peut être nécessaire en plus de ces changement­s. Cela ne doit pas être vu comme quelque chose de négatif, d’autant qu’on a accès à un grand choix de médicament­s », tient à préciser Lyne Cloutier.

Selon une étude parue en 2016, 68 % des hypertendu­s canadiens réussissai­ent à contrôler leur maladie en 2013, un taux qui est plutôt de 50 %, voire moins, dans les autres pays développés.

Quant aux causes, elles ne sont pas tout à fait élucidées, même si des facteurs génétiques et environnem­entaux entrent en jeu. L’âge joue également un rôle : le vieillisse­ment est associé à une perte d’élasticité des artères, qui contribue à l’augmentati­on de la pression.

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