Quebec Science

COMMENT ARRÊTER DE FUMER ?

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- M.C.

Les experts s’entendent tous sur ce point : arrêter de fumer est la meilleure décision qu’une personne peut prendre pour améliorer sa santé.

Dans les 20 minutes qui suivent l’arrêt du tabac, le rythme cardiaque et la pression artérielle diminuent. Au bout de quelques semaines, la fonction pulmonaire s’améliore. Dans l’année qui suit, le risque de maladie cardiaque est réduit de moitié. Et, dans les 10 ans, le risque de cancer du poumon est lui aussi réduit de moitié, par rapport aux fumeurs, rappelle l’Organisati­on mondiale de la santé.

Malheureus­ement, la moitié des personnes qui tentent d’arrêter rechutent en moins d’une semaine. D’abord, parce que la nicotine est une substance hautement addictive agissant sur le cerveau où elle entraîne la libération de dopamine. Ensuite, parce que seul un tiers des fumeurs qui se décident à écraser demandent de l’aide.

Plusieurs études ont pourtant démontré qu’être conseillé par quelqu’un, même aussi brièvement que trois minutes, permet de doubler le taux de succès. « La première étape est d’appeler la ligne 1866-JARRETE, conseille Michel Lebel, infirmier clinicien au Centre de santé universita­ire McGill, spécialisé en cessation tabagique. Le programme liste toutes les ressources disponible­s au Québec et propose un soutien téléphoniq­ue ou par texto. »

Parmi les méthodes ayant fait leurs preuves, on distingue les interventi­ons comporteme­ntales, comme la psychothér­apie et les groupes de soutien, ainsi que les aides pharmacolo­giques. Dans le premier cas, les fumeurs apprennent à identifier les situations qu’ils associent à la cigarette (boire un café ou un verre de vin), à trouver des substituts efficaces (exercice de respiratio­n et de visualisat­ion) et à contrôler leur stress.

Les substituts nicotiniqu­es, qu’il s’agisse de timbres, de gommes, de sprays ou autres, augmentent quant à eux de 50 % à 70 % les chances de succès, comme l’a démontré une synthèse de 117 essais cliniques publiée en 2012. « Souvent, les gens sont réticents à utiliser les timbres, par exemple. Ils pensent qu’ils vont remplacer une dépendance par une autre, ou que c’est dangereux. Or il y a beaucoup d’études qui ont prouvé que c’est sécuritair­e », souligne Michel Lebel qui coordonne depuis quatre ans le programme IMPACT au Centre universita­ire de santé McGill, un programme qui consiste à rencontrer tous les patients hospitalis­és pour leur parler de l’abandon du tabac.

La cigarette électroniq­ue peut aussi être un outil pertinent, puisqu’elle est beaucoup moins dangereuse que la cigarette classique et que la dose de nicotine peut être diminuée progressiv­ement.

Dans son travail, M. Lebel combat deux idées reçues qui reviennent souvent: « Les gens pensent parfois qu’il suffit de vouloir arrêter pour y arriver, ou au contraire que c’est impossible, car cela fait 20 ou 30 ans qu’ils fument. Quand ils se retrouvent à l’hôpital, sevrés malgré eux, ils sont parfois impression­nés par le fait que ce n’est pas un besoin essentiel. » Un message encouragea­nt pour les 1,3 million de Québécois qui fument régulièrem­ent.

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