QUELS SONT LES SYMPTÔMES D’UNE INTOLÉRANCE AU GLUTEN ?
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> On ne répond malheureusement pas à cette question en criant « gluten ».
Les deux protagonistes de cette affection sont la prolamine et la gluténine, les deux protéines qui composent le gluten et qu’on trouve dans le pain, les gâteaux, les céréales, ainsi que dans plusieurs aliments transformés. Ils donnent du fil à retordre à votre estomac, mais aussi aux chercheurs et aux professionnels de la santé !
Deux types de personnes tolèrent mal ces protéines : celles qui sont atteintes de la maladie coeliaque et celles qui ont une « sensibilité au gluten non coeliaque ». La première catégorie est sous-diagnostiquée : des études indiquent que jusqu’à 9 malades sur 10 ignorent leur condition. Quant à la sensibilité, communément appelée intolérance, elle est encore très mal comprise – et controversée.
Il est ardu d’établir un diagnostic pour la maladie coeliaque qui touche environ 1 % de la population, car ses symptômes sont communs à d’autres maladies. « Ils sont super génériques : avoir mal au ventre, être constipé, avoir de la diarrhée, souffrir de ballonnements. Ce sont des symptômes que n’importe qui peut avoir tous les jours pour quantité de raisons différentes », signale Bernard Lavallée, nutritionniste et auteur du livre N’avalez pas tout ce qu’on vous dit. Pour compliquer les choses, certains patients sont asymptomatiques et d’autres ont des symptômes qui n’ont rien à voir avec la digestion, comme l’infertilité ou la fatigue chronique.
Pour confirmer le diagnostic de la maladie coeliaque, il suffit d’une prise de sang et d’une biopsie intestinale, deux tests qui repéreront les lésions de l’intestin et les anti-transglutaminases. Ces anticorps attaquent la paroi intestinale.
Une modification de la diète peut toutefois fausser les résultats. « Quand les gens retirent le gluten de leur alimentation avant d’aller passer des tests, le marqueur sanguin n’est pas là », indique Bernard Lavallée. C’est pourquoi il est impératif de consulter un professionnel de la santé avant d’entreprendre tout changement majeur de votre alimentation.
La maladie coeliaque n’est pas à prendre à la légère : la paroi de l’intestin peut s’en trouver abîmée et l’absorption des nutriments est alors compromise. Pour éviter ces conséquences, un régime sans gluten doit être suivi à la lettre.
La sensibilité au gluten non coeliaque touche quant à elle environ 6 % des Canadiens. Les symptômes sont très similaires à ceux de la maladie coeliaque et du syndrome du côlon irritable. Par contre, il n’existe pas de test pour confirmer cette affection, car aucun biomarqueur n’a encore été identifié.
En outre, la science n’arrive toujours pas à expliquer pourquoi l’élimination du gluten chez ces patients réduit les malaises intestinaux. Est-ce vraiment le gluten qui pose problème ? « Quand on retire un aliment de notre diète, on retire aussi toutes les molécules différentes dont il est constitué. C’est difficile de savoir laquelle a un impact précis sur notre santé », soutient Bernard Lavallée.
Une étude publiée en février dernier dans la revue scientifique Gastroenterology laisse croire que les fructanes, présentes dans plusieurs aliments, dont le blé, l’ail et les oignons, peuvent être responsables des symptômes, dans certains cas. D’autres pistes sont également suivies par les scientifiques, dont l’effet des inhibiteurs de l’amylase/trypsine, des protéines qui permettent au blé de se défendre contre les parasites. Ils sont davantage présents dans le blé moderne et déclencheraient une réaction immunitaire.
Dans le doute sur le gluten, consultez toujours votre médecin. Et faites attention aux pièges du marketing, rappelle Bernard Lavallée : « Un gâteau sans gluten n’est pas meilleur pour la santé. Ça reste un gâteau ! »