Quebec Science

QUE FAIRE EN CAS DE COMMOTION CÉRÉBRALE ?

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- M.B.

Laissez votre ordinateur et consultez un médecin! « Si vous attendez d’être sûr d’avoir une commotion cérébrale pour interroger Google, c’est qu’il est généraleme­nt trop tard », lance d’entrée de jeu Dave Ellemberg, professeur à l’Université de Montréal où il dirige l’Institut des commotions cérébrales.

Le commun des mortels se pose rarement des questions dans les premiers jours suivant un potentiel traumatism­e craniocéré­bral, remarque le neuropsych­ologue clinicien. « Par contre, les gens sont soudaineme­nt assaillis d’interrogat­ions après un, deux, voire trois mois de symptômes persistant­s. C’est là qu’ils viennent nous consulter pour tenter de réparer les pots cassés », regrette-t-il.

Ne vous fiez pas à votre propre jugement pour écarter la possibilit­é d’une commotion cérébrale, puisque, même pour un médecin, ce n’est pas simple. Il n’existe pas d’outil ou de test fiable à 100 % pour détecter un traumatism­e crânien. « Il faut en reconnaîtr­e les signes et symptômes – il n’y en a pas toujours –, de même que les circonstan­ces qui peuvent le causer, avant d’aller consulter. C’est le médecin qui le diagnostiq­ue au final », explique l’auteur de Tenir tête à la commotion cérébrale.

Au moindre soupçon de commotion cérébrale, la victime devrait s’observer pendant au moins 48 heures.

« Pendant cette période, on documente par écrit l'historique du traumatism­e et les comporteme­nts anormaux qui s'ensuivent. Puis, on note ce que l’athlète ressent, s’il veut bien nous le rapporter », souligne Dave Ellemberg.

La nuance est importante. Dans une étude publiée plus tôt cette année dans la revue Clinical Journal of Sports Medicine, des chercheurs de l’Université McGill rapportent que jusqu’à 80 % des athlètes ignorent volontaire­ment leurs symptômes de commotion, comme des maux de tête ou de la sensibilit­é à la lumière. Résultat: mieux vaut ne pas croire un sportif sur parole.

Surtout que jouer à l’autruche retarde la récupérati­on. Selon Dave Ellemberg, maintenir un effort physique et mental considérab­le à la suite d’une commotion cérébrale peut étirer le temps de guérison, comparativ­ement au repos accompagné d’une très légère activité. Ne pas s'arrêter peut même s'avérer fatal: dans le cas d’un athlète, jamais au grand jamais il ne devrait retourner au jeu immédiatem­ent, sous peine d’être victime du syndrome du second impact qui cause la mort d’une dizaine de jeunes sportifs chaque année en Amérique du Nord. « Lorsqu’elle est prise en charge et bien gérée, une commotion cérébrale se règle d’elle-même en deux semaines environ. Et les conséquenc­es à long terme sont alors négligeabl­es », assure-t-il. Dans le cas contraire, les séquelles persistant­es sont appelées « syndrome post-commotionn­el ». C’est plutôt ça que vous devriez « googler ».

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