Quebec Science

Je doute donc je suis

Avec leurs arguments « scientifiq­ues » et leur apparente logique à toute épreuve, les adeptes des théories du complot sèment le doute. Comment y voir clair ?

- Par Normand Baillargeo­n

Juillet 1969. Neil Armstrong et « Buzz » Aldrin foulent le sol lunaire, tandis que 600 millions de téléspecta­teurs observent leur exploit. La scène, historique, émeut toute la planète. Toute, à l’exception de quelques esprits critiques et mieux informés qui ont remarqué des détails troublants. Pour eux, c’est clair, la mission Apollo 11 n’est qu’une vaste supercheri­e.

La NASA, engagée depuis 1961 par le président Kennedy dans une course contre l’URSS pour aller sur la Lune avant la fin des années 1960, a dû se résigner à admettre que la tâche était impossible. En 1969, on a donc décidé, pour ne perdre ni la face ni la course, de filmer en studio le supposé alunissage.

La preuve ? Il y en a plusieurs. Prenez une photograph­ie typique censée représente­r les astronaute­s sur la Lune. On n’y voit pas d’étoiles ! Elles sont pourtant partout. En studio, toutefois, leur absence se comprend très bien.

Voyez ensuite le drapeau des États-Unis que les astronaute­s ont prétendume­nt fixé sur le sol lunaire. Il est plissé, froissé, exactement comme un drapeau qui flotte dans le vent… sur la Lune où il n’y a pas d’air !

Quant au module d’exploratio­n lunaire, il n’a formé aucun cratère en se posant. Normal, puisqu’il a été déposé délicateme­nt dans un studio de cinéma. Et ce n’est pas tout : sur la Lune, il n’y a qu’une seule source de lumière, le Soleil. Les ombres devraient donc toutes être parallèles, ce qui n’est pas le cas. En cause, les multiples projecteur­s du studio !

Mais voici ce qui va achever de convaincre les sceptiques, s’il en reste. Notre bonne vieille Terre, que les astronaute­s n’ont jamais quittée, est entourée de ceintures de radiations infranchis­sables

appelées ceintures de Van Allen. S’ils étaient passés au travers, les astronaute­s n’auraient pu y survivre.

DÉJOUER LE PIÈGE CONSPIRATI­ONNISTE

Voilà l’argumentai­re, en apparence bien ficelé, des gens qui pensent qu’Apollo 11 est un coup monté. Cette théorie de la conspirati­on est loin d’être la seule à circuler : on en trouve à propos de l’assassinat de John F. Kennedy, de l’existence des Illuminati, de la mort de la princesse Diana, de l’attentat terroriste du 11 septembre 2001 et sur bien d’autres sujets encore.

Sachant qu’il existe de vrais complots (des terroriste­s ont réellement conspiré pour planifier et exécuter l’attaque du 11 septembre), sachant aussi qu’il est parfois sain de remettre en question ce qui est tenu pour vrai, comment s’y retrouver et rester critique sans être happé par une sorte de trappe conceptuel­le dont on ne sort pas ?

Voici quelques éléments de réponse. Une théorie de la conspirati­on commence souvent, comme je l’ai fait ici, en donnant des raisons plausibles de refuser l’histoire officielle. Elle propose ensuite une narration alternativ­e, puis cherche des anomalies dans la version officielle, lesquelles sont données comme preuves que cette dernière est fausse.

Or c’est là un raisonneme­nt qui n’est pas concluant. Il se peut par exemple que l’anomalie alléguée n’en soit pas une. C’est ainsi que la NASA connaissai­t très bien les ceintures de Van Allen. Elle en a tenu compte pour réduire au minimum l’exposition des astronaute­s aux radiations.

Quant au sol lunaire, recouvert d’une fine couche de poussière, il est très dur, ce qui explique que le module d’exploratio­n lunaire ne l’a pas altéré, d’autant qu’il s’y est posé en douceur.

Bref, devant une théorie de la conspirati­on, il est sage de se demander si l’anomalie en est bien une (ce n’est pas nécessaire­ment le cas) et de rechercher une explicatio­n différente de celle qu’on nous donne. Je vous invite à en chercher pour les autres « anomalies » que j’ai énumérées.

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