Le réveil du géant Microsoft
«U n ordinateur sur chaque bureau et dans chaque foyer », telle était la devise choisie par Bill Gates en 1975, à la fondation de Microsoft. Pendant longtemps, on a associé spontanément les ordinateurs personnels à la multinationale. Mais avec les années, sa réputation s’est ternie : en 2014, l’entreprise était plutôt réputée pour sa culture toxique et ses querelles internes. Microsoft était un géant en déclin.
Cette année-là, Satya Nadella a remplacé
Bill Gates. Le nouveau président-directeur général s’est donné pour mission de redresser la culture organisationnelle, mais aussi de relancer les développements technologiques. Car Microsoft a raté trois changements majeurs survenus au cours des dernières années : l’avènement des téléphones intelligents avec l’iPhone, la suprématie du moteur de recherche de Google et les médias sociaux, Facebook en tête.
Résultat des courses : une génération entière a grandi sans avoir jamais utilisé un produit Microsoft ! Dans les années 1990, tous les produits de l’entreprise fonctionnaient en circuit fermé dans l’univers Microsoft, qui protégeait ses outils coûte que coûte. Aujourd'hui, on peut exécuter des applications Windows sur un iPad ou sur un Android. Le changement de mentalité a été tel que, l’an passé, Microsoft a acheté GitHub, une plateforme de développement où le code source est ouvert à tous. La compagnie organise également un marathon de programmation de trois jours avec ses
23 500 employés. En voilà des pratiques innovantes ! Et l’innovation, c’est le nerf de la guerre dans les technologies.
Comment Satya Nadella a-t-il réussi ce virage ? À l’aide d’une approche douce. L’un de ses premiers gestes en tant que pdg a été de demander aux dirigeants de la société de lire La communication non violente au quotidien, de Marshall B. Rosenberg, un petit traité sur la collaboration respectueuse avec les autres. Satya Nadella est convaincu que les êtres humains sont empreints d’empathie, ce qui est essentiel pour créer des produits audacieux qui auront une influence sur les utilisateurs.
La stratégie fonctionne : les revenus annuels de Microsoft ont dépassé les 100 milliards de dollars en juin 2018 − les plus élevés en 43 ans ! − et la capitalisation boursière de l’entreprise a détrôné celle d’Apple.
Satya Nadella n’est peut-être, en fait, qu’un leader de son époque : quelqu’un qui dirige non pas en imposant sa volonté, mais en faisant preuve d’écoute auprès tant de ses employés que des consommateurs. Le Microsoft des années 1990 n’est plus. Vive Microsoft ! lQS