UN PHARE DEVIENT UNE BASE SCIENTIFIQUE
Le site de Pointe Mitis, dans le Bas-Saint-Laurent, sera voué à la recherche dès l’été prochain.
Au 19e siècle, une pointe rocheuse s’avançant dans l’estuaire du Saint-Laurent faisait le malheur de navires qui s’échouaient sur sa rive, si bien qu’on y construisit un phare. Aujourd’hui, ce même environnement, qui abrite une faune et une flore riches, s’apprête à faire le bonheur des biologistes.
Le site patrimonial du phare de Pointe Mitis, dans le Bas-Saint-Laurent, sera transformé dès l’été prochain en un lieu voué à la science et à l’exploration de la nature.
Après des années de démarches, l’Association des résidents de la Pointedu-Phare (ARPP) a signé un bail de 15 ans avec la Ville de Métis-sur-Mer en novembre 2018 pour mettre en valeur le site délaissé depuis plus de 20 ans. En 2016, Métis-sur-Mer avait elle-même racheté le phare du gouvernement canadien ainsi que les quatre autres bâtiments du lieu.
L’ARPP compte offrir en location l’ancienne maison du gardien de phare afin que des étudiants viennent y effectuer des travaux de terrain ou que des enfants y participent à des camps scientifiques.
La pointe se referme en une baie sur son côté est. Cette configuration remarquable, dans une zone où la côte est plutôt rectilinéaire, crée une grande variété d’habitats. « C’est un endroit idéal pour explorer les milieux marin et côtier, observe le président de l’ARPP et professeur de biologie à l’Université Laval Ladd Johnson. Près du phare, le rivage descend très doucement, ce qui fait qu’à marée basse une grande zone émerge de l’eau et on peut s’amuser beaucoup ! »
Le professeur Johnson, qui s’intéresse à l’écologie benthique et aux invasions biologiques, aimerait poursuivre ses propres recherches sur les escargots marins à cet endroit et y organiser des cours intensifs de biologie marine. Il espère ne pas être le seul : à la dernière réunion de Québec-Océan, un organisme regroupant les océanographes de la province, il a invité ses collègues à venir y mener des projets.
Il y a tout un lot de devinettes scientifiques à éclaircir à la pointe Mitis. Depuis quelques années, la population de crabes communs a explosé dans le secteur. Un dénombrement de ces crustacés − réalisé à l’aide des résidants, peut-être − serait la première étape pour comprendre ce phénomène, croit M. Johnson, qui habite à la fois Québec et Métis-sur-Mer. Ce serait aussi l’occasion de faire découvrir à la communauté locale la richesse de son patrimoine naturel.
L’ARPP tente d’amasser 100 000 $ dans le but de rénover les bâtiments ce printemps afin de les offrir aux scientifiques et à leurs émules dès l’été prochain. Après avoir éclairé les marins à travers les tempêtes, le phare de Pointe Mitis s’apprête à jeter de la lumière sur la science.