Naysan Saran
COFONDATRICE ET PDG DE CANN FORECAST Naysan Saran dans ses mots :
« Je suis à moitié ivoirienne et à moitié iranienne. Je suis arrivée au Canada il y a 14 ans. Ma mère m’a convaincue de faire des études en techno. J’ai toujours aimé lire. D’ailleurs, il y a deux livres qui ont complètement changé ma vie. Le premier est La vie rêvée des maths, de David Berlinski, et le second est The Art of Learning, de Josh Waitzkin. »
Chez CANN Forecast, vous utilisez l’intelligence artificielle pour fournir des recommandations au sujet de l’eau. Comment cela fonctionne-t-il ? Tout a commencé dans une compétition AquaHacking, organisée par la Fondation de Gaspé Beaubien. C’était en 2016. On a élaboré un modèle statistique d’apprentissage automatique qui utilise les données environnementales comme les précipitations, la température, le taux d’humidité, etc., pour fournir une estimation réaliste de la qualité de l’eau du Saint-Laurent. D’ordinaire, on obtient ces résultats grâce à de l’échantillonnage, dont l’analyse prend 24 heures. C’est très mauvais dans un processus décisionnel si l’eau se révèle contaminée. Avec notre modèle, nous donnons des résultats pratiquement en temps réel. C’est comme ça qu’on a commencé à travailler avec la Ville de Montréal.
Quand on démarre une entreprise, on se lance avec l’idée qu’on va changer le monde. Est-ce votre cas ?
Oui, de plus en plus. Il y a de l’intérêt à l’échelle canadienne. On lancera bientôt un projet de recherche d’envergure nationale. Notre travail pourrait aussi servir aux pays émergents.
La cause des femmes en technologie vous tient à coeur. Pourquoi ?
Parce qu’il n’y a que 20 % de femmes en technologie. Quand je suis arrivée à Polytechnique Montréal, on n’était que 5 ou 6 femmes dans une classe de 80 hommes ! Peut-être que les jeunes filles ne songent pas à ce type de carrière parce qu’elles ne se voient pas représentées dans ces rôles dans les médias et les films. Moi, je m’éclate dans ce que je fais ! Si je peux en inspirer une ou deux à faire de même, j’en serai très contente. Ce sera ma petite contribution.
Quel est le sentiment d’être l’une des rares femmes dans un groupe d’hommes ?
À Poly, franchement, ça ne faisait pas de différence. Les gars ne nous ont jamais dit qu’on était moins bonnes parce qu’on était des femmes. On a toujours été traitées de manière égale dans les équipes.
Est-il plus facile pour les hommes que pour les femmes d’être entrepreneur ?
Certaines personnes ne seraient peut-être pas d’accord avec moi, mais je trouve que les avantages et les inconvénients pour une femme s’équivalent, surtout en techno. Les femmes ont accès à beaucoup de ressources. Il y a tellement de bourses, de visibilité, d’associations… Les gouvernements fédéral et provincial sont en train de débloquer des sommes considérables pour aider les femmes dans le domaine. C’est le moment de se lancer !