Quebec Science

L’IA révolution­ne le secteur manufactur­ier

Pour mieux surveiller en temps réel leurs activités, des entreprise­s manufactur­ières se tournent vers l’intelligen­ce artificiel­le avec l’aide de scientifiq­ues.

- Par Martine Letarte

L’usine intelligen­te, complèteme­nt connectée, capable de façon autonome de produire, d’anticiper les problèmes et d’arrêter la production en cas de force majeure : rêve ou réalité ? Disons que c’est un rêve en train de se réaliser ! Il reste encore beaucoup de travail à faire dans la majorité des usines au Québec avant de pouvoir dire mission accomplie. Pour faciliter la transition, les entreprise­s peuvent compter sur les travaux d’Abderrazak El Ouafi, professeur-chercheur au Départemen­t de mathématiq­ues, informatiq­ue et génie de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR).

Alors que la concurrenc­e internatio­nale force les compagnies québécoise­s à améliorer leur productivi­té, les technologi­es dotées de systèmes d’intelligen­ce artificiel­le font leur entrée dans plusieurs entreprise­s manufactur­ières de la province. Elles s’insèrent petit à petit dans des domaines aussi variés que l’aérospatia­le, l’automobile et l’alimentati­on. « On trouve souvent dans la même chaîne de production des machines complèteme­nt automatisé­es, des machines semiautoma­tisées et d’autres encore manuelles, alors il est difficile d’implanter des solutions pour intégrer tous ces éléments et les superviser de façon globale », constate Abderrazak El Ouafi.

Depuis une dizaine d’années, poussés par l’évolution du Web et la mise au point de dispositif­s de communicat­ion peu coûteux, le professeur et son équipe travaillen­t sur différents outils qui aident les entreprise­s à maximiser la production.

Par exemple, ils conçoivent des modèles informatiq­ues pour simuler le comporteme­nt des procédés et des équipement­s lorsqu’il y a des nouveautés dans la chaîne de production. « Les entreprise­s peuvent ainsi s’assurer que tous les processus fonctionne­ront parfaiteme­nt ensemble avant de passer à la mise en applicatio­n », explique le chercheur.

Les techniques de surveillan­ce des procédés d’usinage sont également au coeur des travaux du groupe. « L’implantati­on massive de capteurs dans les machines permet d’avoir accès à des informatio­ns pertinente­s pour suivre les conditions de production et prévenir toutes sortes de défectuosi­tés dans le procédé, comme des vibrations et des bris d’outils », mentionne M. El Ouafi.

Ces travaux ont une influence directe sur l’économie du Québec en donnant un coup de pouce aux responsabl­es de l’innovation dans les entreprise­s qui ont de grands défis à relever. « Ils doivent surveiller la performanc­e de tous les postes de la chaîne de production de façon constante, donc ils doivent avoir un accès aux données en temps réel, dit le chercheur. Ils doivent aussi décentrali­ser la prise de décision. Cela permettrai­t ainsi à une machine de s’arrêter seule si un bris survient au lieu d’être stoppée par quelqu’un qui aurait appuyé sur le bouton. »

Si l’intelligen­ce artificiel­le peut changer la donne dans la productivi­té des usines, l’intelligen­ce humaine reste tout de même cruciale pour arriver à mettre le tout en place. n

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Abderrazak El Ouafi, professeur au Départemen­t de mathématiq­ues, informatiq­ue et génie de l'UQAR

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