Quebec Science

LE TROU NOIR DE LA RECHERCHE

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Combien de temps les enfants passent-ils devant un écran à l’école ou à la garderie ? Aucune donnée ne semble exister au Québec.

Films, jeux vidéos, dessins animés, Just Dance : les activités sur écran en classe ou au service de garde ainsi que dans certaines garderies échappent au contrôle des parents.

« C’est le trou noir de la recherche », lance Caroline Fitzpatric­k, professeur­e de psychologi­e à l’Université Sainte-Anne, en Nouvelle-Écosse.

Alors que de nombreux parents mènent une lutte quotidienn­e pour limiter le temps que leurs enfants passent sur la tablette, à l’ordinateur ou devant la télé à la maison, les écoles et les services de garde sont loin de bannir les écrans.

Chaque établissem­ent gère l’utilisatio­n de ces appareils comme il l’entend. « Nous n’avons pas de politique », indique Alain Perron, responsabl­e des relations de presse à la Commission scolaire de Montréal. Même son de cloche du côté du ministère de l’Éducation et de l’Enseigneme­nt supérieur.

De son côté, le ministère de la Famille, qui supervise les centres de la petite enfance et les garderies, prévoit dans ses règlements que « le prestatair­e de services de garde ne peut utiliser un téléviseur ou tout autre équipement audiovisue­l que si leur utilisatio­n est intégrée au programme éducatif ». Dans les faits, toutefois, il est difficile de savoir ce qui se passe entre les murs.

Des études, menées notamment aux États-Unis, ont pourtant révélé que les jeunes enfants sont exposés très tôt aux écrans dans leurs milieux de garde. Les enfants gardés à domicile (par un parent ou une personne extérieure à la famille) sont les plus exposés, entre autres à cause de la télévision allumée en toile de fond. Selon une étude effectuée en 2009, les enfants américains gardés en milieu familial regardaien­t en moyenne 2,4 heures de télévision par jour contre 0,4 heure pour les enfants des garderies. Si, à l’école, la télévision ne fonctionne pas en continu au fond de la classe, les films vus au service de garde peuvent vite faire grimper le quota...

Ce manque de données complique la tâche des chercheurs. « D’autant que, dans la plupart des études, le temps est évalué par les parents : il y a un biais de souvenir, de désirabili­té sociale, c’est pourquoi je travaille avec d’autres chercheurs à concevoir un outil de mesure plus fiable, en temps réel, qui tiendra compte de tous les appareils allumés ou utilisés », précise Caroline Fitzpatric­k. Voilà qui nous fournira une meilleure estimation de ce qui se passe à la maison, mais qui ne permettra pas de comptabili­ser le temps d’écran… hors de la maison.

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