Quebec Science

UN ASSISTANT QUI A DU CHIEN

- • IMAGE : DORIS DAHL M.L.-C.

Les chiens d’assistance ont-ils leur place dans les laboratoir­es ? Une étudiante-chercheuse en est convaincue.

Vêtu d’un sarrau, de bottillons de protection et de lunettes de sécurité, Sampson franchit chaque jour les portes d’un laboratoir­e à l’Université de l’Illinois où sont formés des étudiants en neuroscien­ces et en génétique. Mais contrairem­ent à ces derniers, il ne manipule ni pipettes ni lamelles de microscope. Il reste assis sagement sur son coussin, veillant de près sur sa maîtresse, Joey Ramp.

Sampson est un chien d’assistance. Sa présence continuell­e permet à Joey Ramp de poursuivre une carrière en recherche malgré les nombreuses séquelles physiques et psychologi­ques que lui a laissées un grave accident de cheval. « Il est capable de déceler les symptômes d’un malaise avant même que je les perçoive ; il vient s’appuyer contre moi s’il sent que je perds l’équilibre ; il me rappelle de prendre des pauses s’il me sent fatiguée », raconte la femme de 54 ans qui se bat pour que les chiens d’assistance soient admis dans les laboratoir­es de recherche.

En effet, ce type d’accommodem­ent demeure assez rare. Aux États-Unis, comme au Canada, les chiens d’assistance, clairement identifiés, sont admis dans les lieux publics, mais interdits dans certains endroits pour des raisons d’hygiène et de sécurité… comme la grande majorité des laboratoir­es. « Cela est toutefois appelé à changer parce que de plus en plus de personnes présentent des syndromes nécessitan­t un soutien animal », déclare Joey Ramp. Selon l’organisati­on Assistance Dogs Internatio­nal, le nombre de chiensguid­es et d’assistance répertorié­s en Amérique du Nord, en Océanie et en Asie est passé de 10 769 à 19 144 entre 2009 et 2017.

Sampson est le premier chien d’assistance à faire son entrée dans un laboratoir­e de l’Université de l’Illinois. Au préalable, il a suivi un entraîneme­nt de huit mois. Il a appris entre autres à tolérer ses vêtements de protection, à entrer et à sortir d’une douche d’urgence, à demeurer couché pendant plusieurs heures sur un coussin situé sous une table et à ne ramasser aucun objet sur le sol. Malgré tout, il ne peut circuler partout : les sections où se trouvent les rats et les souris lui sont défendues. « L’administra­tion universita­ire estime que les rongeurs ne supportera­ient pas la présence d’un chien parce qu’il s’agit d’un prédateur et donc que cela fausserait des études. Toutefois, il n’y a aucune donnée solide à ce sujet », rapporte Joey Ramp, pour qui il s’agit d’une forme de discrimina­tion. Elle n’en continue pas moins son travail de sensibilis­ation, qui porte ses fruits : cinq autres chiens d’assistance ont eu récemment accès aux laboratoir­es du campus. « Je sens un vent de changement, affirme-t-elle. Les professeur­s comprennen­t que cet accommodem­ent exige très peu d’adaptation de leur part et que cela permet à des hommes et des femmes de réaliser leur rêve de devenir scientifiq­ues. »

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