Quebec Science

SYLVICULTU­RE TACTIQUE

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On associe plus souvent la science des réseaux complexes à l’informatiq­ue qu’à la foresterie. Pourtant, les forêts sont des systèmes qui, loin d’être simples, sont régis par des processus écologique­s aussi hasardeux qu’incertains. En effet, cette théorie ouvre la voie à de meilleurs aménagemen­ts forestiers, car elle est plus globale que les approches sylvicoles actuelles basées sur l’ordre et la prédictibi­lité, lesquelles tendent à perdre de leur efficacité avec les changement­s climatique­s.

« Les forêts les mieux connectées entre elles sont celles où la biodiversi­té — un facteur de résilience et de productivi­té

— est la plus élevée. Nous nous rendons compte qu’un peuplement doté de plusieurs espèces aux traits multiples favorise la bonne santé des forêts environnan­tes par une plus grande connectivi­té ; il agit comme source centrale de graines pour les peuplement­s voisins qui subissent des perturbati­ons, par exemple des maladies exotiques », illustre Élise Filotas, professeur­e au Départemen­t Science et Technologi­e de l’Université TÉLUQ.

Intervenir auprès de peuplement­s spécifique­s aurait donc comme effet de bénéficier à l’ensemble d’un territoire. Afin de valider cette hypothèse, Élise Filotas et ses collaborat­eurs mènent des projets de modélisati­on numérique sur un site expériment­al de 300 000 hectares de forêt tempérée et fragmentée qui se trouve dans les Bois-Francs.

« Nous y simulons différents scénarios de perturbati­ons climatique­s, aussi bien optimistes que pessimiste­s, puis nous en évaluons les conséquenc­es, indique-t-elle. Nous espérons tirer de ces travaux des recommanda­tions très ciblées d’aménagemen­ts sylvicoles du territoire, de manière à rendre celui-ci moins sensible aux effets des changement­s climatique­s. » ●

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