Quebec Science

PLUS QUE DE SIMPLES HAIES

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Les vastes champs qui s’étendent à perte de vue pourraient un jour être de l’histoire ancienne. C’est du moins ce que laissent croire les travaux menés par David

Rivest, professeur en écologie des sols et en agroforest­erie à l’Université du Québec en Outaouais (UQO). Cet expert étudie les systèmes agroforest­iers intercalai­res (SAI), des rangées d’arbres espacées les unes des autres, de manière à permettre la culture de végétaux dans les allées ainsi créées. L’un des avantages des SAI ? Ils pourraient modérer les effets négatifs des extrêmes climatique­s sur les cultures.

Depuis une décennie, David Rivest s’intéresse de près aux SAI de deuxième génération, mieux adaptés à la réalité des grandes cultures agricoles ; ainsi, les rangées d’arbres y sont plus espacées (de 25 à 40 m) que dans les SAI dits de première génération (de 8 à 15 m). « Il ne faut pas complexifi­er les opérations de l’agriculteu­r ; un producteur de maïs doit par exemple être en mesure de circuler avec sa rampe de pulvérisat­ion. Il y a aussi des questions de compétitio­n entre les arbres et les cultures pour les ressources », explique-t-il.

À Baie-du-Febvre, les propriétai­res de la Ferme Bertco hébergent depuis 2012 un SAI de deuxième génération. Ces producteur­s laitiers cultivent notamment du maïs, du soya et de la luzerne. Dans ce laboratoir­e agricole, David Rivest compare les performanc­es de six espèces de feuillus, plantés à 5 m les uns des autres sur le rang. L’enjeu est de taille : l’ajout de rangées d’arbres sur la parcelle à l’étude entraîne une perte d’espace cultivable d’environ 3 %. De quoi ronger des marges de profit déjà très minces… Pourtant, les arbres n’affectent pas la productivi­té des cultures.

David Rivest a tiré différente­s mesures de ses travaux, comme les rendements en grains, et elles se révèlent semblables à celles d’une parcelle agricole témoin de la même ferme à l’an 4 du projet. Ces résultats sont comparable­s à ceux qui ont été observés sur cinq autres sites expériment­aux au Québec. L’été 2020 a par ailleurs été un bon test pour les SAI : « Ils ont atténué les effets négatifs de la sécheresse qui a frappé la province en juin sur les cultures fourragère­s en permettant une meilleure rétention d’eau dans les sols », signale le professeur. ●

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