Où est ma cape d’invisibilité numérique ?
Si vous naviguez sur le Web en mode incognito, tout ce que vous faites est privé, n’est-ce pas ? Détrompez-vous. Cette fonctionnalité est apparue pour la première fois dans le navigateur Safari, d’Apple, en 2005. Elle crée une fenêtre de navigation distincte, caractérisée par un pourtour sombre. Dès que vous la fermez, votre fureteur oublie que la session a eu lieu. Rien n’est conservé dans votre historique de navigation et tous les fichiers témoins − ces bouts de code appelés « cookies » qui enregistrent certaines de vos actions en ligne − sont effacés.
La fonction incognito est rapidement devenue un incontournable et, aujourd’hui, la plupart des fureteurs en offrent leur propre version. Une étude de 2017 révèle que 46 % des Américains ont utilisé au moins une fois le furetage privé.
Pourquoi le font-ils ? Pour faciliter la connexion à plusieurs comptes en même temps sur une même plateforme (comme des entrepreneurs qui auraient deux adresses Gmail, l’une personnelle et l’autre professionnelle). Ou pour effectuer des recherches sur des sujets délicats qui ne devraient pas apparaître dans l’historique de navigation. Mon utilisation préférée : trouver une vidéo sur un sujet particulier sur YouTube. Après tout, je n’ai pas envie que l’algorithme me propose 40 vidéos sur « comment nettoyer le filtre de mon climatiseur » pendant trois semaines !
Mais le mode incognito offre des protections très limitées. Bien que les cookies et les données de suivi soient supprimés à la fin de votre session privée, ils peuvent toujours être utilisés pendant la session par des tierces parties. Si vous êtes connecté à Facebook par exemple, la plateforme pourrait voir ce que vous faites sur d’autres sites et ajuster sa publicité en conséquence. N’oubliez pas que Google se sert aussi de son réseau publicitaire et de ses technologies de suivi sur d’autres sites pour vous suivre partout.
Vous vous sentez bafoué ? Plusieurs personnes en Californie partagent votre avis et elles ont déposé une plainte au tribunal fédéral, en juin 2020, en réclamant cinq milliards de dollars à Google.
Les limites du mode incognito montrent à quel point il est difficile de rester invisible sur le Web. Il existe un fureteur qui respecte votre vie privée : Duck Duck Go. Mais soyez averti : l’expérience est bien différente de celle de Google. La personnalisation du contenu est complètement absente. Finis les formulaires de trois pages préremplis! Finie la connexion automatique à Amazon! C’est comme utiliser un fureteur sur un ordinateur au café Internet pour la première fois… Commodité ou confidentialité, laquelle choisirez-vous ?