ON A ENFIN TROUVÉ LA MATIÈRE MANQUANTE !
Qu’importe s’ils sont énigmatiques, les sursauts radio rapides ont déjà prouvé leur utilité ! Les astrophysiciens s’en servent comme des outils pour sonder l’Univers. En mai dernier, ces hoquets cosmiques ont même contribué à résoudre un problème de taille : celui de la matière baryonique manquante.
On ne parle pas ici de la matière noire, qui reste indétectable, mais bien de la matière « normale », celle qui compose les étoiles, les galaxies, les planètes et les humains. Cette matière, dite baryonique, ne constitue que 5 % de l’Univers, selon les modèles en vigueur. Le hic, c’est que, lorsqu’on essaie de la « mesurer », en estimant la masse des galaxies entre autres, on n’en trouve en gros que la moitié. Autrement dit, on ne voit que 2,5 % de l’Univers… « Je pense que les sursauts radio rapides ont définitivement réglé le problème », annonce fièrement Xavier Prochaska, astrophysicien à l’Université de Californie à Santa Cruz.
Dans une étude parue mi- 2020 dans
Nature, il a analysé avec ses collègues quatre sursauts radio rapides provenant de galaxies localisées à l’aide du radiotélescope ASKAP et situées à des distances très différentes (de 1,5 à 5,25 milliards d’années-lumière). Puisque certaines longueurs d’ondes radio sont davantage freinées par les électrons libres qu’elles rencontrent, les chercheurs ont pu évaluer la quantité de matière traversée par lesdits sursauts en décortiquant l’allure du signal lorsqu’il arrive sur Terre. « Ce qu’on calcule correspond exactement à ce que prédit la théorie », déclare le chercheur. Autrement dit, le compte est bon !
Où se cachait cette matière ? Dans le « milieu intergalactique chaud », un gaz extrêmement diffus qui ne peut pas être détecté par les instruments classiques. Et pour cause : dans l’immensité intergalactique, la matière « manquante » est si dispersée que cela équivaudrait sur Terre à une densité de un ou deux atomes dans une pièce de la taille d’un bureau moyen.