Quebec Science

LES ÉLECTIONS MUNICIPALE­S SOUS LA LOUPE

Des chercheurs s’attaquent à la méconnaiss­ance de la scène municipale dans l’espoir de lui faire perdre sa réputation de parent pauvre de la démocratie.

- Par Dominique Wolfshagen

S’ i l est bien connu que les élections municipale­s n’attirent pas autant d’électeurs aux urnes que les autres exercices politiques, elles susciterai­ent toutefois de plus en plus l’intérêt de chercheurs canadiens, selon

Sandra Breux, professeur­e au Centre Urbanisati­on Culture Société de l’Institut national de la recherche scientifiq­ue (INRS) et responsabl­e du Laboratoir­e sur les élections locales (LABEL). « Je n’aurais pas dit ça il y a 10 ans, mais maintenant, ça bouge beaucoup ! » lance-t-elle.

Au coeur de ce gain de popularité : la multiplica­tion des collaborat­ions entre des chercheurs de partout au pays. Sandra Breux s’est d’abord alliée à Laurence Bherer, de l’Université de Montréal, afin de scruter les élections municipale­s québécoise­s. Elle a ensuite élargi le réseau à l’échelle canadienne en créant le LABEL en 2014, en plus de travailler avec Jérôme Couture, de l’Université Laval, avec qui elle a publié en 2018 l’ouvrage Accountabi­lity and Responsive­ness at the Municipal Level: Views from Canada.

Cette mise en commun des connaissan­ces et des efforts a mené à une compréhens­ion plus fine des facteurs régissant la participat­ion aux élections municipale­s. « La taille de la municipali­té joue un grand rôle : plus la municipali­té est petite, plus la participat­ion est grande. Cette tendance s’expliquera­it notamment par la théorie voulant que plus un électeur a l’impression que son vote a des chances d’influencer le résultat, plus il est probable qu’il se déplace aux urnes », rapporte la chercheuse.

Les taux de participat­ion augmentera­ient également lors d’élections plus serrées ou compétitiv­es, notamment en présence d’un grand nombre de candidats ou de questions précises (des propositio­ns de projets mobilisate­urs, ou encore des scandales ou soupçons de corruption, notamment). Autrement dit, le contexte particulie­r de chaque municipali­té est ce qui a le plus de poids.

Maintenant que les chercheurs comprennen­t mieux les paramètres prédisant le taux de participat­ion, leur attention se tourne davantage vers les éléments plus difficiles à chiffrer. Par exemple, comment l’intérêt de l’électeur est- il modulé par l’informatio­n locale, ou alors par la présence et le rôle des femmes en politique municipale ? Ou encore, comment solliciter l’électorat plus jeune, qui a tendance à moins voter de manière générale ? « Il nous manque encore beaucoup d’informatio­ns sur le profil de l’électeur », concède Sandra Breux. Certaines pistes sont déjà explorées, comme l’hypothèse qu’un citoyen est plus susceptibl­e de s’intéresser aux élections municipale­s s’il est propriétai­re. Cependant, pour le moment, les études sur le sujet n’arrivent pas à un consensus.

En fin de compte, les chercheurs planchent encore sur la façon d’intéresser l’électeur à ces mal-aimées des exercices politiques que sont les élections municipale­s. Il s’agit pourtant du type de pouvoir que les citoyens peuvent influencer le plus directemen­t, sans compter qu’il touche leur portefeuil­le ainsi que plusieurs services du quotidien. En éclairant les nombreuses zones d’ombre restantes, le LABEL espère ainsi contribuer à l’augmentati­on de la participat­ion électorale municipale. ●

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Sandra Breux, professeur­e à l’INRS et responsabl­e du Laboratoir­e sur les élections locales

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