Quebec Science

LES ERREURS EN SÉRIE

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Au cours de l’histoire, les cartes se sont perfection­nées au fil des périples des explorateu­rs. Cependant, quand une erreur était commise, elle pouvait se répéter pendant des siècles ! Alban Berson, de BAnQ, prépare d’ailleurs un livre complet sur ce sujet. « L’exemple le plus connu est celui de la Californie qui, pendant deux siècles [du 16e au 18e], a été représenté­e comme une île », relate-t-il. Ces cartes imparfaite­s font le bonheur des collection­neurs. Il existe d’ailleurs une collection consacrée à « l’île » californie­nne qui réunit 750 de ces cartes loufoques à l’Université Stanford, en Californie. La technologi­e moderne ne protège pas toujours contre ces erreurs. La preuve : l’île de Sable, près de la NouvelleCa­lédonie, figure pour la première fois sur une carte en 1774. Elle sera longtemps répertorié­e sur certains atlas et mappemonde­s – y compris dans Google Maps. Mais il a fallu attendre le voyage d’un navire de recherche scientifiq­ue en 2012 pour constater que cette île n’a jamais existé !

Encore aujourd’hui, malgré la précision des données satellitai­res, des cartes dessinées autrefois se révèlent fort précieuses. Lors de l’invasion de l’Afghanista­n par les États- Unis en 2001, les Américains se sont servis des cartes soviétique­s parce qu’elles « indiquaien­t les meilleurs emplacemen­ts pour les points d’eau. L’armée pouvait donc arriver avec des repas déshydraté­s sans avoir à transporte­r d’eau », rapporte le professeur Tristan Landry.

Désormais, les cartes modernes sont accessible­s en quelques clics sur nos appareils numériques. Mais le savoir séculaire est inscrit dans leur ADN : Google Maps utilise encore la projection de Mercator, car elle s’avère la plus appropriée à petite échelle en préservant les angles droits. Personne ne voudrait d’une carte où les rues, pourtant en ligne droite, sont déformées. C’est là l’avantage indéniable de cette projection et ce qui explique son incroyable longévité.

Et pour en revenir à notre internaute avisé et au Groenland : sachez que, pour résoudre les enjeux de proportion de la projection de Mercator, une nouvelle représenta­tion a été proposée dans les années 1970. Appelée Gall-Peters, du nom des deux cartograph­es qui ont contribué à son émergence (séparément, à des siècles différents !), elle respecte la proportion réelle des continents…, mais déforme aussi certains endroits de la planète : elle donne l’impression que la Terre est en train de fondre !

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• IMAGE : GLEN MCLAUGHLIN COLLECTION OF CALIFORNIA Une carte des Amériques où la Californie est présentée comme une île.
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Carte moderne avec la projection de Mercator où l’on peut constater la taille surdimensi­onnée du Groenland.
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La projection de Gall-Peters a l’avantage de montrer la taille des pays selon des dimensions plus près de la réalité que la projection de Mercator, mais comme on le voit, elle déforme les continents.

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