ZOYA, PHOTOJOURNALISTE
Pour Zoya Thomas Lobo, la pandémie de COVID-19 a été à la fois une dure épreuve et un tremplin. Comme pour plusieurs femmes transgenres, l’interruption pendant 10 mois du service de trains de banlieue de Mumbai l’a coupée de son principal gagne-pain, celui d’aller recueillir les aumônes des usagères des compartiments réservés aux femmes. Mais la pandémie lui en a aussi offert un nouveau. À la mi-avril 2020, quand le premier ministre indien, Narendra Modi, a annoncé une première prolongation du confinement, elle était la seule photographe de Mumbai à capter la manifestation spontanée et vite dispersée par la police de milliers de travailleurs migrants réclamant des trains spéciaux pour rentrer dans leurs villages. Après une année et demie à essayer de faire sa place dans le milieu journalistique, elle détenait sa première exclusivité, vendait sa première pige, en plus de se voir reconnue par ses collègues comme « première photojournaliste transgenre de Mumbai et du Maharashtra ». En tant que cisgenre hétérosexuel, l’auteur de ce reportage a souhaité travailler avec Zoya Thomas Lobo afin qu’elle ajoute une perspective de l’intérieur, intime et informée, sur les enjeux vécus par sa communauté.
Alors qu’elle continue d’arpenter les trains pour subvenir à ses besoins tout en rêvant d’un emploi stable dans un média d’information indien, Zoya Thomas Lobo signe dans QuébecScience son premier grand reportage photo.