La vie entre quatre murs
Après avoir partagé des bribes du quotidien des familiers de la plus importante gare d’Europe avec Paris
Gare du Nord et raconté l’existence des habitants d’immeubles insalubres de la Ville lumière, Joy Sorman a passé une année dans les couloirs d’un institut psychiatrique pour À la folie (c’était avant la pandémie). Avec son habituelle délicatesse, l’auteure déniche des perles empreintes d’une beauté toute simple. Les personnages de son feuilleton sont émouvants, comme cette préposée à l’entretien qui rêve de devenir aide-soignante parce qu’elle aime trop les patients ou cette nouvelle interne prête à établir des diagnostics et les patients, bien sûr. Les thèmes abordés le sont tout autant : la fin des sorties spéciales, auparavant encouragées et désormais interdites faute de personnel et de moyens ; et la suppression du café-bar de la cafétéria − dernier semblant de vie « normale » pour les patients −, toujours pour des questions de ressources. Un documentaire romanesque teinté d’une fragile humanité qui nous renvoie en plein visage la considération que la société porte aux gens atteints d’une maladie mentale.
À la folie, par Joy Sorman, Flammarion, 288 p.