Quebec Science

UNE MISSION POUR ÉVITER L’ARMAGEDDON

La NASA lance une mission digne d’un film avec Bruce Willis : une bombe s’écrasera sur un astéroïde pour le détourner !

- Par Hugo Ruher

Dans quelques mois, la NASA lancera une bombe sur un astéroïde pour le détourner.

D’u n côté, un impacteur d’une demi-tonne qui « attaque » à une vitesse de 6,6 kilomètres par seconde ; de l’autre, un astéroïde innocent. Voilà le duel au coeur de la nouvelle mission DART (Double Asteroid Redirectio­n Test) de la NASA, qui s’amorcera en novembre.

Pas de panique, la Terre n’est pas menacée par cet astéroïde appelé Didymos et situé à 11 millions de kilomètres. L’idée est simplement… de voir ce qui se passera ! « Il faut connaître notre ennemi, assure Andy Cheng, responsabl­e du projet et chercheur au Johns Hopkins Applied Physics Laboratory. DART va servir à savoir comment la cible réagit et, ainsi, nous aurons cette expérience en cas d’astéroïde plus dangereux. »

L’astre est une cible de choix parce qu’on le connaît très bien ; sa taille, sa densité, sa compositio­n et sa trajectoir­e n’ont plus de secrets pour les scientifiq­ues.

Les nombreuses observatio­ns faites depuis sa découverte en 1996 ont permis d’en brosser un portrait très précis, et ce travail continuera jusqu’au jour J, fin 2022, quand l’impacteur foncera sur lui après un long voyage.

Didymos est un astéroïde binaire, composé de deux corps : le principal, massif, de 800 m de diamètre, et un satellite de 160 m surnommé Didymoon ( officielle­ment Dimorphos, mais le surnom plus familier est resté). C’est ce petit objet – quoique assez gros pour détruire une région métropolit­aine – qui sera touché par l’impacteur de la NASA, une sonde munie d’un moteur ionique. « La première version de cette mission en partenaria­t avec l’Agence spatiale européenne prévoyait un impacteur et un deuxième vaisseau pour calculer le changement d’orbite, raconte Andy Cheng. Mais c’était trop cher ! » Dans les faits, puisqu’il s’agit d’un astéroïde binaire, les observatio­ns au sol suffiront. Comme les deux corps sont très proches, le moindre changement de trajectoir­e de celui qui est frappé sera très facile à mesurer ; il suffira d’utiliser l’autre objet comme point de repère. Sans cette binarité, il aurait fallu des mois d’observatio­n continue pour savoir si la trajectoir­e de l’astéroïde a été modifiée.

La NASA relèvera de nombreux défis avec DART. « Ce sera la première fois que nous viserons un objet aussi petit, indique Andy Cheng. DART va se guider seul jusqu’à sa destinatio­n. Il doit aussi nous fournir des images de très bonne qualité pour que nous puissions exploiter les données. »

« C’est une mission finalement assez simple, résume Robert Lamontagne, coordonnat­eur du Centre de recherche en astrophysi­que du Québec. Cela fait presque penser à un projet de petit garçon qui veut tout faire exploser ! Pour autant, un impacteur a l’avantage d’être précis et de petite intensité. Ce n’est pas une bombe nucléaire ; il n’est pas question de faire exploser l’astéroïde ! » Même les héros du film L’impact, sorti en 1998, avaient compris qu’une telle stratégie façon cow-boy allait faire pleuvoir une multitude de petits astéroïdes au lieu d’un seul très gros, ce qui ne serait pas forcément mieux pour la Terre !

Une question se pose : le risque d’impact par un astéroïde étant quasi inexistant, tout cela est-il bien nécessaire ? Pour Robert Lamontagne, oui : « Certes, une catastroph­e risque très peu de se produire. Mais le jour où une telle collision surviendra, ce sera un véritable désastre ! Il vaut donc mieux prévoir ce jour, même s’il n’arrive jamais. »

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