CERNER L’EFFET DU CONFINEMENT
Ces derniers mois, de nombreuses études ont montré que les polluants sont à la baisse dans de nombreuses villes du monde lors de confinements stricts. Mais dans quelle proportion cette diminution est-elle réellement due au confinement et pas aux conditions météorologiques, à la saisonnalité ou à l’évolution attendue d’une année par rapport à l’autre, sachant que la plupart des polluants diminuent de façon continue depuis plusieurs décennies ?
Une équipe de chercheurs du gouvernement fédéral a exploré cette question dans des travaux qui ont été publiés au printemps dans la revue savante AirQuality,Atmo
sphere&Health. « Le but ultime de cet article était d’essayer de relever tous les facteurs confondants, de souligner la complexité du phénomène », indique une auteure de l’étude, Rabab Mashayekhi, du Centre météorologique canadien, basé à Dorval.
Le groupe s’est penché sur les cas de Vancouver, Calgary, Toronto et Montréal. En fouillant les données du Réseau national de surveillance de la pollution atmosphérique du Canada, les chercheurs ont d’abord remarqué que le déclin était déjà plus prononcé au début de l’année que ce qui était attendu, ce qui laisse croire que 2020 était une année spéciale avant même le début de la crise. L’équipe a ensuite simulé le printemps 2020 et ses conditions météorologiques selon deux modèles : l’un avec des sources d’émissions « normales » et l’autre avec les sources révisées à la baisse d’après les meilleures informations disponibles (par exemple les données enregistrées par Apple et Google quant aux déplacements des habitants des quatre villes). La comparaison donne une idée de l’effet des mesures sanitaires. « Nous avons noté une amélioration [attribuable au confinement] du côté du dioxyde d’azote [NO ] et des particules fines [PM ] dans les quatre villes, mais le niveau d’amélioration varie entre les villes et au sein d’une même ville », expose Rabab Mashayekhi.
Pour le NO , la réduction était de 31 à 34% plus forte d’après le modèle avec confinement par rapport au modèle « normal », selon les scénarios du groupe. L’effet était plus modeste pour les PM : on parle d’une réduction supplémentaire de 6 à 17 %. Assurément, « le confinement est un évènement extrême qui peut aider les spécialistes de la qualité de l’air et les équipes qui planifient le futur », dit la scientifique.